L'Aïkido Tenjinkaï, Harmonie & Sérénité
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Date de création : 15.08.2010
Dernière mise à jour : 19.12.2018
81 articles


STAGES!...

Publié le 18/12/2018 à 23:53 par aikidotenjinkai

1) STAGES

Les Stages, on le sait, sont des occasions uniques pour approfondir les connaissances déjà acquises, ou en passe de l'être. Si l'entraînement régulier permet en effet de mémoriser des mouvements, avec le corps davantage qu'avec la tête: la répétition inlassable, et qui ne doit jamais être lassante! des mouvements permet au corps d'acquérir le geste; le corps étant le portail de l'âme, c'est également par le biais de ce Travail que se développe tôt ou tard une conscience du geste telle, qu'elle finit par affecter l'être dans son ensemble...

 

Inutile de faire peur aux débutants avec de tels propos; mais la pratique de l'Aïkidô, et plus généralement du Budô bien compris, mène à cette introspection, et à cette découverte.

 

Or le fait de s'adonner à une pratique resserrée dans le temps (trois jours étant une bonne moyenne pour que les effets du travail du corps commencent à se faire ressentir sur l'être interne) est parfois l'occasion de se découvrir tel que l'on est dans la profondeur de soi; et cette découverte permet également, si l'on s'y prête, de travailler en vue d'une amélioration de ce qui peut, selon ce que chacun éprouve et découvre, être changé.

 

C'est ainsi que l'Aïkidô est une merveilleuse École de Vie.

 

DEUX STAGES sont d'ores ét déjà planifiés dans un avenir proche:

BERLIN (Allemagne), dôjô du gymnase de Steglitz, les 8, 9 et 10 février 2019. Un rendez-vous à ne pas manquer pour les passionnés qui souhaitent élargir leur champ de pratique, en rencontrant d'autres passionnés venant d'horizons variés, qui se retrouvent (toujours avec le sourire) pour découvrir, redécouvrir, approfondir leur Art.

 

Tous les aspects de l'Aïkidô seront à nouveau étudiés au cours de ces trois jours: techniques classiques bien sûr, mais aussi le subtil art du Kokyû (Nagé ou non), ainsi que les armes, complément indispensable permettant de développer la vigilance, la sûreté du gste, l'exactitude, le "timing", la (très légère) notion de "danger" (très relatif, rassurons-nous) permettant d'accéder à un état que n'autorise pas la pratique habituelle.

 

Comme toujours, des techniques hors programme(s) seront également proposées, afin d'initier tout un chacun à l'abord de ces mouvements hors d'âge, souvent oubliés et habituellement inconnus, mais qui apportent un éclairage ô combien captivant sur la pratique telle que nous la connaissons de nos jours.

 

LE SECOND RENDEZ-VOUS est tout autant à ne pas manquer:::du 21 au 27 JUILLET 2019, notre Stage de Herzogenhorn se tiendra l'an prochain encore. Ici nous avons tout le loisir de nous adonner à une pratique profonde et profuse au cours d'une semaine dédiée au bonheur de la découverte de l'Aïkidô:

 

- Entraînement en étirement technique et postural  (mouvements appliqués au ralenti, avec le souffle et sans "chutes") le matin de 6h30 à 7h30;

- Entraînement à thème  (une ou deux techniques sont parcourues sous des aspects variés, classiques et innovants) de 10h à 11h30;

 

- Entraînement spécifique  (travail au tantô, techniques spéciales) pendant 45 minutes, suivi ou précédé d'un entraînement avec les armes (en solo ou avec partenaire): Jô, Bokken, Tantô, et pourquoi pas Katana pour ceux qui en possèdent un, une initiation à l'art de dégainer le sabre étant proposée, non pas dans la prétention de s'adonner au "Iaï", mais toujours avec en toile de fond le rapport avec l'Aïkidô,  puisque tel est le but de notre grand rendez-vous annuel.

 

VOICI d'ailleurs un RAPPORT DE STAGE écrit par un certain Monsieur Alexander à la suite de la semaine à Herzogenhorn de juillet dernier: les photos, pourtant si parlantes, n'ayant pas été acceptées par notre gestionnaire de blog, c'est un texte "sec" que vous allez avoir, mais si les mots ne vous font pas peur, adonnez-vous, en sus du plaisir de la pratique, à celui de la lecture: c'est très bon pour la concentration, et la vie moderne nous détourne bien souvent de cet authentique enrichissement qu'elle constitue.

 

STAGE À BERLIN DU 8 au 10 FÉVRIER 2019: contacter M. Martin BILAN (Aikido Berlin);

STAGE À HERZOGENHORN du 21 au 28 JUILLET 2018: Contacter Mme. Sybille HAASE (Seiryukan Dojo, Lüneburg).

 

 

 

 

 

STAGE EN FORÊT-NOIRE (ALLEMAGNE)

 

La neuvième édition déjà! Du 22 au 28 juillet 2018 se tint le stage annuel d'une semaine d’Aïkidô avec Pascal Olivier, organisé par le Dojo Seïryukan de Lüneburg. Le lieu était le centre multi-sports du Herzogenhorn, situé entre les deux points culminants de la Forêt- Noire, les sommets Feldberg et Herzogenhorn, à un peu plus de 1300 mètres d'altitude. Le centre présente toutes les infrastructures nécessaires: hébergements, restauration, Dojo (une salle multi-usages de la taille d'un terrain de basket-ball et dotée d'une grande baie vitrée), piscine, sauna. Et il est entouré de nature, de forêts, des ondulations et paysages et panoramas verdoyants de ce massif.

Bref, il est possible d'y passer toute une semaine d'entraînements et de détente, sans même jamais le quitter et en oubliant tout le reste. On y trouve tout l'espace nécessaire, tant pour les rencontres conviviales avec les autres participants que pour les moments de quiétude solitaire ou de randonnée de toute durée. Car la Forêt-Noire est un véritable paradis pour randonneurs, parcouru de nombreux sentiers abondamment balisés.


Nous échappâmes de surcroît à la canicule qui frappait dès cette semaine les régions plus basses, l'altitude nous valant des températures inférieures d'au moins 10 degrés des conditions qui écrasaient la proche vallée du Rhin sous une chape caniculaire.

 

STRUCTURE DU STAGE

Le stage se composait de trois unités quotidiennes:

- une mise en condition en douceur de 6:30 à 7:30 heures du matin, avec échauffements et quelques techniques prudemment esquissées, pour mettre en route la mécanique avant de passer aux choses sérieuses, à savoir le petit-déjeuner;

- une séance d'une heure et demie (parfois un peu plus) se partageant entre des échauffements puis des techniques essentiellement à mains nues;

- une dernière séance de 16 à 17:30 heures environ, mettant l'accent sur le travail des armes.

Tant la durée que le rythme du stage peuvent a priori impressionner. Ils avaient en tout cas impressionné l'auteur de ces lignes - bien à tort, s'avéra-t-il par la suite.


ENTREE EN MATIERE

Le dimanche, les participants arrivèrent des quatre coins d'Allemagne. Pascal Olivier lui- même arriva accompagné d'une adhérente de son club, Nathalie, seule autre Française, mais qui trouva sur place plusieurs interlocuteurs parlant sa langue.

Pascal dirigea la totalité des séances d'entraînement en langue anglaise. Il annonça d'emblée la couleur: rompre avec quelques habitudes, créer un peu de confusion pour rendre les esprits plus disponibles pour quelques expériences nouvelles.

Nous étions invités à effectuer les mouvements sans saisie active du partenaire. Le maintien du contact relevait donc d'une responsabilité et attention communes de Nagé et d'Uké. Uké suivait de son plein gré, le contact étant réduit au maximum, réduit à une subtile information tactile.

En fin de cette première séance, Pascal nous apprit que nous venions d'accomplir le plus difficile de tout le stage: gérer cette opposition contact/non-contact. Il usa d'une image qui devait revenir plusieurs fois: celle d'un éventail, chaque brin représentant une étape dans l'évolution historique de l’Aïkidô. Les brins les plus à gauche représentent les formes classiques, voire anciennes. Les brins à l'opposé sont l'annonce d'un Aïkidô «futuriste».

Si l’Aïkidô est un art (martial, en l'occurrence), alors nous entrevoyons parfois avec Pascal l'ébauche de l'art abstrait. A la logique hautement figurative du combat (auto)destructeur vient se substituer une évolution qui plonge certes les racines du mouvement dans cette logique conflictuelle, mais l'inscrit ensuite dans une perspective coopérative.

J'eus plus tard avec Christian, pratiquant et enseignant berlinois, une conversation à ce sujet et lui fis: «Il est tout de même paradoxal que nous devions comprendre le mouvement dans une logique d'attaque-défense vouée à la destruction, mais pratiquer ces mêmes mouvements dans une optique paisible et de coopération.» Il eut cette formule heureuse: «C'est exactement le paradoxe que révéla Ueshiba. Mais au lieu de le résoudre par le combat, il le résolut par l'Harmonie.»

Ce même Ueshiba qui dans sa jeunesse apprit et enseigna l'art de combattre et de tuer, procéda finalement à une «démilitarisation» progressive de l'art martial, découvrant que le seul véritable adversaire se tapissait à l'intérieur de soi – celui-là même qui empêche de vivre dans l'Harmonie. Car celle-ci ne peut exister à l'extérieur que lorsqu'elle règne à l'intérieur.

 

UN CHANTIER PERMANENT

Pascal s'inscrit donc délibérément dans une optique évolutionniste de l’Aïkidô, vécu non pas comme un art largement codifié auquel il n'y a plus grand-chose à ajouter, mais au contraire comme un chantier permanent empli de secrets et de trésors restant à découvrir.

Le lecteur éclairé sait sûrement qu'il existe actuellement (et très schématiquement) deux tendances dans l’Aïkidô. D'un côté, il y a ceux qui enseignent un Aïkidô plutôt stable dans le temps, fondé sur l'idée qu'en gros, tout est dit, se réclamant souvent d'une légitimité directe ou dérivée d'ancien Ushi-Deshi («élève préféré du maître»).

De l'autre côté, il y a ceux qui considèrent que Ueshiba a fait avancer son art autant que possible, mais que, limité par la durée d'une vie humaine, il légua à la postérité la charge de poursuivre à sa place le voyage de découverte sans jamais laisser les formes se figer dans une quelconque orthodoxie que lui-même ne semble jamais avoir formulée.

Aucune des deux orientations ne vaut mieux que l'autre, chacune est féconde en enseignements, clarifie Pascal. Mais il s'inscrit donc clairement dans la seconde direction. Pour lui, l’Aïkidô restera toujours ce chantier permanent, évoluant tant sur sa propre lancée qu'en interaction avec son époque. Après tout, Ueshiba lui-même n'a-t-il pas créé et développé l’Aïkidô dans un Japon d'abord empreint de militarisme mais qui abjura tout aussi résolument ce même militarisme après 1945?

Chaque stage de Pascal Olivier est une invitation à venir explorer avec lui, mais aussi à poursuivre ses propres découvertes en toute liberté.

COMBINER LE PRINCIPE D'UN MOUVEMENT AVEC L'EXECUTION D'UN AUTRE

Nous connaissions les techniques comme Kokyû Nage ou Ten-Shi Nage. Ce qui fut plus inhabituel, ce furent les empilements ou combinaisons: utiliser l'esprit sous-jacent d'une technique appliquée à l'exercice d'une autre.

Prenons par exemple le principe Kokyû ("respiration" en japonais). La respiration est l'une des rares fonctions corporelles qui peuvent s'exercer de manière tant consciente qu'inconsciente (l'expression du visage en est une autre). Ainsi, nous ne cessons pas de respirer simplement parce que ne nous pensons plus à la respiration. Par conséquent, dans la plupart de nos activités, le souffle suit, cahin-caha, sans que nous y fassions attention, à moins qu'il ne se raccourcisse et que l'essoufflement rappelle à notre bon souvenir les limites de notre capacité pulmonaire.

Pire: Nous avons tendance à retenir notre respiration au moment d'un effort intense. Or, dans de nombreuses traditions (la médecine traditionnelle chinoise par exemple), le souffle est considéré comme l'entrée de l'énergie vitale dans le corps, laquelle suit ensuite les divers chemins énergétiques pour irriguer le corps entier. Retenir son souffle dans un moment d'effort, c'est donc fermer le robinet à la source d'énergie vitale au moment même où nous en avons le plus besoin.


Et si, au lieu de laisser le souffle se débrouiller tout seul pour suivre nos efforts physiques, nous inversions cette logique? Si nous ne reprenions pas seulement pleine possession consciente de notre respiration, mais la laissions même conduire le mouvement? C'est là une composante essentielle du principe Kokyû: l'énergie vitale symbolisée par le souffle est canalisée dans un mouvement. Le souffle anime le mouvement au lieu de le suivre. Ajoutons à cela la recherche d'une plus grande ampleur spatiale pour compléter le principe Kokyû. La combinaison d'énergie et d'espace donnera à Uké l'impression d'être submergé par une vague de souffle devenu mouvement.

Si maintenant l'on extrait des techniques leur principe sous-jacent, on peut transférer celui-ci à d'autres techniques pour former des des combinaisons plus inhabituelles. On peut par exemple conduire un Shiho-Nage ou un Nikkyo "dans l'esprit Kokyû", c.à.d. amples, conduits par le souffle et se terminant souvent plus loin qu'à l'accoutumée, en direction de l'horizon.

Une autre combinaison que nous avons vue consistait en l'exécution de mouvements "dans l'esprit Ten-Shi". Comme le nom ("ciel-terre") l'indique, les composantes du mouvement dirigées vers le haut ou le bas étaient plus appuyées qu'à l'accoutumée, leur donnant une note plus verticale.

Tout cela demande aux deux partenaires de rompre avec quelques habitudes et défait les chorégraphies parfois trop automatisées que deviennent parfois des techniques mille fois répétées. Si elles peuvent apporter une certaine satisfaction immédiate de par leur élégance simulée, elles peuvent aussi stériliser l'expérience aïkidôïque en empêchant la prise de conscience de ce que l'on sait vraiment faire – comme un musicien qui ne ferait rien d'autre que des gammes. Il convient donc peut-être de lever ce voile de temps à autre pour se frotter à des combinaisons et circonstances inattendues et faire surgir notre Aïkidô profond, spontané, intuitif plutôt que chorégraphié, du jazz plutôt que du solfège.

 

LE ZANSHIN

Pascal nous rappela à plusieurs reprises l'importance du Zanshin, «esprit qui demeure», sorte de pleine conscience tant physique que mentale. Une technique ne commence pas avec l'attaque, mais dès que surgit seulement la possibilité d'une attaque. De même, elle

ne se termine pas avec la projection, mais continue au-delà, car la possibilité d'une attaque demeure, ou du moins notre responsabilité de veiller à ce que Uké reste bien portant. Le temps du Zanshin enveloppe donc l'exercice des mouvements dans le temps, lesquels ne représentent qu'une partie de cet état d'attention et de concentration non directionnels.


L'AIKIDO, ART UNIQUE

L’Aïkidô est un art unique, précise Pascal, en ce qu'aucune autre activité humaine n'emploie probablement une gamme aussi universelle de mouvements et de muscles. Même les autres arts martiaux, et a fortiori d'autres activités, sont caractérisés par des spécialisations gestuelles et musculaires.

Et d'ailleurs, le pratiquent qui se souvient de ses premières heures d’Aïkidô (au tout début de sa pratique ou après une pause prolongée), connaît bien cette sensation de courbatures généralisées (pas forcément désagréable).

L’Aïkidô de Pascal s'articule souvent autour de quelques formes universelles, notamment la spirale et l'onde. Pour illustration, le Shomen était décoré de quelques coquillages endommagés qui laissaient entrevoir, en plus de leur forme extérieure en spirale, d'autres spirales fournissant la structure et la solidité internes de cette forme organique conçue par la nature autour du fameux «nombre d'Or» pour résister aux fortes pressions des marées et prédateurs océaniques.

Ce principe de spirales imbriquées se retrouva dans des techniques sur attaque Ushiro, Uké saisissant une première main ou épaule pour ensuite passer derrière le dos de Nagé. Nagé accompagnait d'abord le sens de la rotation mais (dès que Uké avait atteint et saisi l'autre main ou épaule) se déroba brusquement par une rotation en sens inverse, passant sous l'attaque pour se saisir de Uké et terminer par exemple sur un Ikkyo ou Nikkyo.


TRAVAIL AVEC LES ARMES

Le travail avec les armes faisait l'objet de la séance quotidienne de 16 heures. Si quelques techniques sur une attaque au Tantô ont été vues au début du stage, l'essentiel du travail s'est fait au Bokken, le Jô étant largement délaissé pour cette fois.


Le thème principal du travail au Bokken était celui des Quatre Éléments: Sabre d'eau, d'air, de feu et de terre, exercices à deux. Si le Sabre d'eau était une suite de mouvements coulés, démarrant par un petit tourbillon écartant le sabre attaquant et dans l'ensemble pratiquement sans contact, le Sabre de feu au contraire contrait l'attaque par une frappe bois contre bois pour faire jaillir une étincelle imaginaire (le feu). Mais même cette dernière séquence se terminait sur des mouvements ralentissant rapidement et largement amortis à la fin.

Si le Sabre d'air proposait des mouvements plutôt... aériens, le Sabre de terre démarrait sur l'idée d'une attaque-surprise à laquelle Nagé réagit par une première défense par au- dessous, c.à.d. depuis la «terre», le sol.


Le jeudi après-midi, les participants avaient quartier libre comme toujours une fois par

stage, ce qui voulait simplement dire que la séance de 16 heures n'avait pas lieu. Mais le soir, après le dîner, Pascal proposa à un cercle choisi de pratiquants à la fois avancés et enseignants un travail sur les onze formes de Iaï établies depuis des siècles par la plus ancienne école d'escrime encore existante au Japon, la Katori Shito-Ryu, dont la tradition remonte à plus d'un demi-millénaire. Ce sont des formes brèves, très concentrées, résumant en quelques minutes l'essentiel du Iaï, extraction du sabre en réaction à une attaque supposée.

Les cinq premières formes commencent et se terminent à genoux, la sixième forme démarre à genoux et se termine debout, le cinq formes restantes voient le pratiquant debout tout au long.

La part accordée au travail des armes, y compris le travail en solitaire, a fait l'objet de débats intéressants parmi les participants entre les entraînements, certains les saluant sans réserve comme un mode d'emploi pour un travail à la maison, d'autres étant plus réservés sur ce travail privilégiant la sensation par rapport aux techniques. Pascal est un féru du travail des armes, car il permet à ses yeux à chacun de développer ses facultés Aïkidôïques même en l'absence de partenaire, c.à.d. entre les entraînements. Ainsi, il développe entre autres la précision, le travail respiratoire (principe Kokyû), la posture, car l'arme fournit un ressenti qui, de par les lois de l'inertie et de la gravité, est d'une grande fiabilité, une sorte d'interaction amicale avec les lois physiques, disponibles à toute heure du jour et de la nuit.

«Le travail du Iaï, ce sont 2% de pratique dans le Dojo et 98% chez soi», dit Pascal, pour ajouter, après l'entraînement: «C'est méditatif, mais en même temps, il y a une extraction du Ki, non pas sauvage et désordonnée, mais parfaitement maîtrisée. Elle reste néanmoins explosive – du feu!»


LES BUTS DU STAGE

Pascal égrena à divers moments les objectifs qu'il s'était fixé pour ce stage d'une semaine.

1. Rompre avec les habitudes - par des formes inhabituelles tant par leur combinaison que par le recours à divers stades évolutifs des mouvements dans le passé, présent et futur.

2. Construire un approfondissement - en profitant de cette "retraite" d'une semaine loin de la vie quotidienne pour prendre le temps de développer la conscience de l'unité corps- esprit-âme, et plus simplement celle de ses propres progrès et capacités.

3. Se sentir bien - tant par une pratique respectueuse et indolore (Pascal: "Il ne doit pas y avoir de douleur dans l’Aïkidô") que par un dosage individuel de l'effort. Car si la durée d'une semaine peut avoir quelque chose de dissuasif à première vue, chaque participant était invité à veiller à ne pas se surmener et encouragé à faire l'impasse sur les séances de son choix en cas de baisse de forme. A son retour, point de regards ou remarques désapprobateurs, mais au contraire des marques de sollicitude. Mais surtout, le rythme et la structure du stage étaient à même d'approfondir sans se surmener. Pascal lui-même était comme toujours venu au rendez-vous avec une idée générale des thèmes qu'il souhaitait développer, mais adapta ensuite au jour le jour les détails la pratique et le choix des mouvements aux aptitudes et à la forme physique des participants.

4. Se connecter avec l'essence et la quintessence de l’Aïkidô. Car, selon Pascal,

"l'essence de l’Aïkidô, c'est vaincre l'adversaire intérieur. La quintessence, c'est trouver le maître en soi."

5. Convivialité: Quatre heures de pratique par jour, cela laisse beaucoup de temps à passer ensemble lors des repas, promenades ou découvertes de la région.


DERNIER JOUR DE STAGE

Le vendredi fut le dernier jour plein de stage, le samedi se limitant à un échauffement matinal et Pascal ayant fait grâce de l'entraînement de milieu de journée puisque de nombreux participants avaient devant eux un long retour en voiture sous la canicule. Pour l'auteur de ces lignes, le vendredi fut fascinant en ce que les techniques coulaient d'elles- mêmes. Il était permis de goûter à cette sensation de ce que l'on ne pratiquait plus de l’Aïkidô, mais de ce que l’Aïkidô s'exprimait à travers soi. De discussions avec plusieurs autres participants, il ressort que leur vécu ne fut pas si différent. C'était comme si la durée, la régularité et la diversité de la pratique durant ce stage avaient ouvert des portes et arrondi des angles et permettaient à la rivière Aïkidô de s'exprimer plus librement, de couler plus facilement.

Nos amis de Lüneburg devant partir dès le vendredi après-midi, Frank nous annonça la bonne nouvelle avant son départ: le lieu était déjà réservé pour la dernière semaine de juillet 2019 pour reconduire l'expérience une dixième fois.


FIN DE STAGE HISTORIQUE! INTERPLANÈTAIRE!

Le dernier soir en commun fut salué par un événement historique, puisque la terrasse du centre, principal lieu de détente commune vespérale, donnait directement sur la plus longue pleine éclipse lunaire du XXIe siècle, accompagné de près d'une spectaculaire levée de Mars, peut-être venue jeter un œil sur ce que faisaient ces quelques pratiquants d'arts dits martiaux. Bref, notre dernière soirée commune fut saluée par un quasi- alignement interplanétaire et marquée par la couleur rouge: la lune rousse, Mars la rouge, et du vin rouge de Pays d'Oc.


EN GUISE DE CONCLUSION

Ce qui restera en mémoire à l'auteur, ce sont la bonne humeur, les progrès et approfondissements évidents, les combinaisons inédites, la convivialité (lubrifiée par savoir-faire des brasseurs allemands et des viticulteurs français), le mélange de bases solides et d'explorations plus expérimentales qui sont probablement aussi un reflet du caractère irréductiblement expérimental de chaque vie humaine. Et il y a aussi dans l’Aïkidô de Pascal Olivier des aspects qui peuvent tendre à satisfaire un certain goût pour les mystères insondables et les portes vers l'inconnu.

Alexander Hohmann,

Fribourg-en-Brisgau.

 

LA RESTAURATION D'UN SABRE JAPONAIS (KATANA)

Publié le 10/05/2018 à 12:56 par aikidotenjinkai

 

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AVERTISSEMENT: Le propos du présent article n'est pas d'encourager la restauration aléatoire d'un Katana Ancien, travail qui doit être confié à un spécialiste, et si possible au Japon; il s'agit ici d'une restauration effectuée à titre curatif afin de préserver la structure essentielle du Sabre sans rien en altérer. Les accessoires: fourreau, poignée, petites parties métalliques ayant vocation à être temporaires, et remplacés à la cadence d'une fois par siècle environ, il est normal de voir des lames anciennes ou antiques, installées sur des montures modernes.

 

Phrase du Jour:

"Il n'est de chose que nous ne puissions accomplir par nous-même. Il faut chercher, et trouver l'inspiration; puis procéder avec patience et méthode."

 

 

Histoire d'une Rencontre

 

À LA FAVEUR d'une visite incidemment survenue à une "bourse aux armes anciennes", en un village situé dans la périphérie immédiate de l'aéroport de Roissy, et nonobstant le fait que la quasi-totalité des stands présentaient exclusivement des armes à feu (Pan! Pan!), il s'agissait d'avoir l'oeil: car qui dit "armes anciennes" implique obligatoirement quelques sabres ou poignards du Japon, dans des états de conservation variés, allant de la perfection au délabrement avancé, avec des prix correspondants, mais en tout état de cause largement inférieurs à ce qui se pratique dans les commerces d'antiquaires le plus clair du temps.

 

 

L'Ignorance, notre Meilleure Alliée

 

Or, à peine franchie l'entrée du marché aux armes, une fois tourné à droite, au deuxième stand situé juste avant la buvette, il était là: un katana épouvantablement délabré qui semblait crier son désespoir, mal installé sur une table de fortune, la poignée dépassant vers la foule des visiteurs qui risquaient à chaque pas de l'accrocher, le culbuter et le faire choir, pour ajouter encore à son malheur d'être ainsi malmené depuis des siècles.

 

 

L'oeil un tant soit peu exercé ne se trompe pas: la courbure de la lame, assez prononcée, l'extrême délabrement du fourreau, marron foncé et fendillé de partout, la Tsuba (garde) fatiguée et encouchée d'une crasse noire accumulée au fil des siècles; et que dire de la lame!!! Jaunie comme l'est celle d'un Ko-Tô (Sabre Antique) lorsqu'elle a souffert de n'être jamais essuyée, huilée, décrassée, et lorsqu'elle n'a jamais plus servi à fendre l'air, sa vocation première.

 

 

L'acquisition se fit à vrai dire plusieurs semaines après, car le jour même, après hésitation et grande tentation, résolution fut prise de demeurer "raisonnable", et ne pas enrichir une collection existante, très modeste certes, et dont on n'a même pas usage de tous les éléments.

 

 

C'est à l'issue d'un cheminement de quelques semaines que l'achat fut enfin concrétisé (reprise de contact auprès de la mairie, qui oriente vers l'organisateur de la bourse aux armes, qui oriente vers le responsable du club local de tir, qui finit par localiser le titulaire du stand, qui lui-même habite en Normandie et est reparti avec son matériel;;; c'est par le biais de l'un de ses amis habitant la région parisienne que se fera l'achat, sur une aire d'autoroute, à la manière de deux trafiquants qui, ouvrant un coffre de vieille Mercédès, transvasent son mince contenu dans la voiture garée à ses côtés; il s'ensuit le transfert d'une poignée de biffetons pour une somme assez modique par rapport au trésor contenu dans la housse de vynil noir, puis on se quitte en se souhaitant bonne chance).

 

 

L'ignorance en matière de sabres est telle que l'on se trouve invariablement confronté à deux phénomènes inverses: la sur-évalutation de l'Objet, ou sa sous-évaluation. La sur-évaluation est constante, courante, criante; parfois on voudrait vous faire prendre pour un sabre de prix, un objet qui au fond ne mérite pas le détour, soit qu'il n'est pas vraiment ancien, soit que son équilibre n'est pas propice à l'exercice martial. Ceci est particulièrement vrai des sabres d'apparat datant du XIXème Siècle: ils peuvent avoir toutes les qualités apparentes d'un Sabre antique, mais l'on déchante bien vite dès qu'on les a en mains: l'équilibrage est mauvais, le poids est mal réparti, on ne sent pas la pointe de la lame qui se dirige d'emblée vers l'avant lorsqu'on adopte une attitude de garde de type Kendô: les deux mains devant le centre, le corps droitement érigé, le talon arrière (gauche) décollé d'un centimètre pour assurer la prépondérance du centre dans la posture.

 

 

L'ignorance, en la circonstance, fut une alliée rêvée, d'autant plus que le vendeur ou son représentant se piquaient de s'y connaître: il faut laisser parler les Ignorants, et faire comme en Aïkidô: laisser passer la force brute, la laisser s'enferrer, pour ramasser ensuite ce qui mérite de l'être. Ne pas les contredire, ne pas avoir l'air d'y entendre quoi que ce soit non plus, mais se contenter d'évaluer silencieusement l'état de l'Objet, le prix qui en est demandé. Ne pas trop traîner, ne pas dénigrer, ni bien sûr réhausser l'Objet dans l'estime du vendeur: le laisser dire. Effectuer la transaction, et disparaître bien vite dans la foule en zig-zaguant pour être intraçable, afin de ne pas laisser le temps au vendeur de se raviser! Sait-on jamais.

 

 

 

Un Trésor d'Histoire

 

CE SABRE, amis Budôkas, est une perle dont on peut aisément retracer l'historique: sa forme, sa coupe, sa lame, sa courbure, sa taille, le teint jaunissant de sa lame, tout concourt à faire conclure qu'il est le produit de l'une des périodes quasiment jumelées: Muromachi ou Kamakura, qui correspondent au début du XIVème Siècle.

 

 

Pendant que chez nous, Philippe IV le Bel organisait la spoliation des banquiers et l'internement des Templiers, le jugement et la condamnation du premier d'entre eux, en plus du rapt du Pape pour l'amener en Avignon; loin, très loin de là, si loin que nul à l'époque n'eût même songé à entreprendre un voyage en des contrées dont on ne connaissait qu'à peine le nom, un Maître-Forgeron, inconnu et discret au point de ne point signer son Oeuvre, sortait de son génie et de sa technique une magnifique Lame qui, au terme d'un parcours de plusieurs siècle dont elle seule garde le mystère, aboutissait un dimanche d'hiver 2018 en cette Bourse aux Armes Anciennes. La suite vous est contée en photographies: (voir ci-dessus)

 

 

 

État d'origine du Sabre.

 

La poignée était presque entièrement arrachée, et de plus il manquait le "kashira" ("la tête"), qu'il a donc fallu chercher, et surtout trouver. Par un "hasard" heureux, une pièce du même dessin que la partie restante (le "Fuchi" ou ovale métallique reliant la poignée à la garde: traditionnellement les motifs sont reportés de l'un à l'autre de ces deux accessoires) fut trouvée, et encore de la taille correspondante à la poignée, chose improbable puisqu'il existe en la matière des différences de millimètres qui rendent parfois le couplage impossible! La Providence était donc de notre côté.

 

 

Le fourreau était fendillé sur les deux tranches, de sorte qu'on voyait la lame avec son faible scintillement sur la quasi-longueur du fourreau, de part et d'autre, comme une bête se cachant dans des fourrés et craignant d'être attrapée et malmenée. Cela explique l'ouverture du fourreau en deux (chose à éviter sauf absolue nécessité comme ici), ce qui a permis en outre d'en vérifier la fiabilité (le bois à l'intérieur était sain, sans la moindre trace de putréfaction ni d'humidité, autrement il n'y aurait eu d'autre possibilité que faire refaire un fourreau sur mesures, cela ne se faisant qu'au Japon), puis d'en re-creuser le relief, le poncer et l'enrichir d'huile de parafine, pour y insérer la lame de manière douce, puisqu'elle avait tendant à crisser quand on l'en extrayait. Ensuite, une colle moderne de très haute densité a permis de refermer le fourreau sans même faire usage de pâte à bois. La lame glisse à nouveau dans le fourreau comme à son premier jour.

 

La petite boucle de bois servant au passage de la dragonne (appelée "Kuri-gata" ou "Forme de Marron") ayant sauté (ce qui apparaît sur la première photo), il a fallu en recréer une, avec une rondelle découpée dans une branche de cerisier du Japon de notre jardin, afin de rester dans l'esprit d'origine du Katana... Taillage de la pièce, passage à l'encre de Chine, puis lustrage; renforcement avec une couche de colle extra-forte, plaquage avec un serre-joints sur l'encoche d'origine, et vernis par-dessus.

 

 

 

 

Lame: L'Âme

 

 

La Lame: elle est l'Âme du Sabre, et il ne s'agit nullement de s'amuser avec.

On ne tentera jamais, au grand jamais, de l'aiguiser:

ce travail doit être excusivement fait par un spécialiste, de préférence au Japon, bien qu'on trouve maintenant dans nos pays d'Europe des forgeurs ayant fait leur apprentissage au Japon, et désormais capables de produire un travail remarquable, dans le respect de la tradition.

 

Mais le travail de la Lame ne peut souffrir le moindre geste hasardeux, qui l'endommagerait de manière irréversible: c'est pourquoi le travail effectué ici a consisté à la revitaliser en supprimant d'abord la couche de crasse qui en recouvrait la surface: grâce à cela, la structure de la Lame, ou son Âme si vous préférez, n'a pas été touchée. Il a fallu s'arrêter à temps, car insister dans le processus eût fini par attaquer le métal, chose à ne jamais faire.

 

Il a suffi de la frotter d'abord avec un chiffon de coton pour amorcer le travail, "annoncer le travail" osera-t-on dire ici; ensuite, un papier de verre du plus fin grain a extrait une poussière noire: la saleté des siècles.

 

Ce travail ayant eu lieu à la nuit tombée, sous une superbe Lune Pleine (hasard du calendrier), la Lame a, tenez-vous bien, été brièvement plongée après décapage actif dans une réserve d'eau de pluie scintillante, située au jardin.

 

Or une odeur comparable à celle de la corne brûlée s'est échappée de la lame lorsqu'elle est ressortie de l'eau de pluie; comme si en quelque sorte les "esprits" contenus et endormis en cette lame désaffectée en avaient été chassés.

 

Alors pouvait intervenir le polissage final, avec la paille de fer la plus fine qui soit (courtoisie consentie par Maître Grégoire ENGRAND, Le Meillleur Chocolatier de notre Temps,  qui en fait usage pour ses ustensiles de haute cuisine, qui requièrent un soin comparable à celui usé ici pour l'entretien de notre Lame Antique); ce polissage ultime se fit en douceur, sur plusieurs jours, la lame laissée nue dans l'intervalle afin qu'elle puisse pour ainsi dire respirer, et pour bien signifier que le processus n'était pas terminé.

 

Les pièces métalliques autres que la Lame eurent droit à un décrassage à la brosse métallique qui leur rendit promptement leur lustre; ainsi la Tsuba, noircie par les siècles, reprit-elle son ton argenté des premiers temps; on y vit même apparaître des caractètres gravés, signature d'un antique ciseleur, fabriquant de gardes.

 

L'étape suivante était le nettoyage classique: un mouchoir en papier très doux, imbibé d'une huile maison, composée d'une huile de parafine acquise en pharmacie, dans laquelle macèrent des clous de girofle groupés en un sachet à thé, légèrement écrasés au marteau afin afin que puisse s'en extraire l'essence: c'est de cette huile finement enrichie que se nourrissent les Lames. Récemment, par souci d'économie probablement, on a cessé d'inclure les clous de girofle dans l'huile à sabre communément commercialisée (même au Japon), ce qui la rend inodore et retire donc une partie du "rêve": traditionnellement, la Lame de Katana doit exhaler une arrière-senteur de girofle. On peut d'ailleurs utiliser cette même huile pour graisser tous objets métalliques, notamment antiques, qui en sortiront brillants de tous leurs motifs.

 

 

 

Tressage de la Poignée

 

 

Mais la restauration n'était pas terminée. Il en restait l'aspect techniquement le plus ardu: le retressage de la poignée, qui comme cela apparaît sur les clichés du sabre à l'état primitif, n'étaient absolument pas récupérables, d'autant moins que les parties restantes s'effritaient en se rompant net au moindre toucher. L'idée de départ était de les enduire de colle, et de combler la partie manquante avec un tressage d'appoint; cela n'a pas pu se faire pour ces raisons. Il fallut donc tout reprendre à zéro.

 

 

Le plus difficile fut de trouver une bande de tissu renforcé de nature à faire office de poignée. Trop épais, le tissu devient impossible à manier; trop fin, il y a risque de rupture rien qu'à l'ajustement, puisqu'il faut que le cordon soit en permanence bien tiré pour éviter d'être trop lâche. Enfin, chez une mercière du marché Saint-Pierre, à Paris, après des semaines de vadrouillage chez différents commerçants, muni d'un extrait de poignée conservée dans le porte-monnaie pour pouvoir être exhibé lorsque nécessaire, un tissu marron un peu plus fin que celui d'origine, mais friable et hautement résistant, s'est avéré la meilleure solution. Ici intervient le goût personnel: on peut préférer une poignée massive, ou inversement une poignée très mince, ce qui permet de tenir le sabre très légèrement entre les mains, les doigts à peine fermés et non serrés: ceci permet d'effectuer les mouvements sans contracter les muscles, et donc obtenir la détente musculaire nécessaire à une pratique fluide comme on l'affectionne dans notre Aïkidô.

 

 

Il existe diverses méthodes pour procéder au tressage d'une poignée, en rapport avec la qualité (largeur, épaisseur, friabilité) du tissu utilisé; dans un Japon tout en longueur où les voies de comunication n'étaient pas aussi développées qu'elle le sont aujourd'hui, il est évident que divers procédés furent mis au point. Ainsi a-t-on le choix, et même la possibilité pourquoi pas d'innover, à condition de ne pas tomber dans l'invention pure et surtout pas dans le "kitsch". Il convient de rester très sobre dans la manière de faire. Ici, une petite pièce décorative ("Ménuki") a été ajoutée sur un pan de la poignée, positionnée de manière à ne pas entraver la bonne tenue du sabre (attention au placement de ces petites pièces qui peuvent constituer une gêne si elles sont mal positionnées).

 

 

La dragonne enfin, ultime élément de décoration qui "donne vie" au Katana, au moins dans son aspect extérieur: une cordelette noire tressée d'authentique fil d'argent, souple et fine, plus fine que les cordons "officiels", mais qui souligne l'aspect fragile, antique et atypique de ce Sabre restauré. Ce cordon a été acquis dans une mercerie située derrière l'église Saint-Eustache à Paris (où est enterrée Anna-Maria MOZART, mère du célèbre compositeur, décédée pendant son séjour dans la capitale parisienne en 1778).

 

 

*               *               *               *

 

 

Ainsi la restauration a-t-elle pu prendre forme sans toucher à la structure originelle su sabre, ou à son âme si vous préférez. Ce point est capital, car il est important de savoir que l'on ne "possède" pas un sabre (ni un château, ni une oeuvre d'art, ni un objet destiné à traverser les âges): on en est simplement le dépositaire temporaire et temporel. La tâche qui nous incombe alors consiste à faire passer l'Objet à la génération suivante, c'est-à-dire à son prochain détenteur, dans des conditions de conservation au moins égales, mais si possible même meilleures, que lorsqu'il est parvenu dans nos mains.

 

 

Note importante.

 

EU ÉGARD au vécu de ce merveilleux instrument, dont la lame courte donne curieusement une sensation de longueur conséquente, et surtout dont l'équilibre parfait incite au mouvement, et peut-on espérer au mouvement correct, il a été jugé préférable de procéder à une restauration de nature à lui conserver son "jus" d'origine, et à lui assurer une forme de renaissance, qui n'aura de cesse de s'amplifier à la faveur d'une utilisation régulière (ce Sabre sera dorénavant le partenaire régulier d'entraînements intimes, et trônera sur son porte-sabre en Dôjô lors des séances), sans pour autant en faire un sabre "neuf". Ainsi sa touche patinée et même légèrement délabrée a-t-elle été soigneusement entretenue, une triple couche de fin vernis ayant été passée sur l'ensemble du fourreau après restauration complète. Les pièces métalliques ont été huilées selon le procédé mentionné ci-dessus, et le seront régulièrement lors des séquences de démontage et de nettoyage, qui surviennent assez souvent puisqu'il est fait un usage quotidien de l'Objet.

 

 

L'acquisition d'un Katana ancien s'inscrit dans le processus logique de l'Acèse d'un Budôka, de quelque discipline qu'il soit l'Adepte. Dans l'Aïkidô, dans notre Aïkidô, nous avons l'avantage de pratiquer régulièrement des exercices de Sabre, qui contrairement à ce que cornent certains, sont indispensables à la progression de l'Aikidôka: posture, stabilité, mobilité, aplomb, alignement, exactitude du geste, rapidité, synchronicité, zanshin, tous ces points qui font la différence au fil des années, entre un répétiteur de techniques à l'emporte-pièce et un Budôka s'interrogeant sur le devenir de sa propre Pratique.

 

 

Pour votre choix, sachez qu'il existe schématiquement deux grandes tendances qui président à la forme, à la taille, et surtout à la courbure ET à l'équilibre de la Lame: les Ko-Tô (ou "Sabres Antiques"), à la courbure assez prononcée, dont la fabrication précède le XVIIème siècle; les Shin-Tô (ou "Sabres Nouveaux"), comportant une lame plus rectiligne avec une ébauche de courbure, qui le plus souvent datent des années 1600 à 1750.

 

La totalité des sabres modernes et surtout de leurs copies en aluminium (matière qui ne permet pas un équilibrage adéquat de la lame, puisque le poids en est réparti uniformément sur toute la longueur) sont des répliques de type "Shin-Tô", et donc leur courbure est moindre. Or dans la pratique des Écoles anciennes, ainsi d'ailleurs que dans nos exercices aïkidôïques, la courbure joue un rôle important, ne serait-ce que pour la sortie du sabre ou son retour au fourreau. Sans parler des nombreuses figures techniques où il est fait implicitement mention de cette courbure. Certaines sensations ne peuvent se développer qu'avec un sabre authentique, question de densité du métal, de courbure de la lame, de sensation également d'un "danger" potentiel, concepts forcément absents de la pratique avec une lame en alu.

 

On peut en outre trouver des lames forgées par des artisans modernes, le plus souvent importées de Chine, qui si elles ont tendance à être un peu trop longues (cela peut se travailler avec un peu de patience, étant donné qu'il ne s'agit pas de pièces historiques: il suffit de les démonter et de rétrécir la lame, et pourquoi pas également la poignée qui souvent excède les 30 cm (!), ce qui est "un peu beaucoup" quand on sait que la moyenne des poignées anciennes est de 23 cm), constituent un adroit compromis entre la lame ancienne, et la copie alu.

 

Pour vos premiers pas et en attendant d'être entièrement familiarisé et à l'aise dans les opérations de dégainage et de retour au fourreau, il est recomandé d'acquérir à très peu de frais un sabre de décoration (mais oui!), histoire d'acquérir le geste. Ensuite on passera à quelque chose de plus sérieux.

 

 

La Pratique du Sabre

est IN-DIS-PEN-SA-BLE.

 

 

Il ne faut pas se laisser culpabiliser, ni plomber dans notre Exercice, par ceux qui prétendent que le Sabre (et le Jô, bâton mi-long) ne sert à rien: c'est un procédé bien pratique pour occulter leurs propres carences, et cacher le fait qu'ils ne savent pas s'en servir, faute de s'être aventurés assez loin dans le vaste champ de l'Aïkidô.

 

Un apprenti-pilote devrait-il se contenter sempiternellement de manoeuvrer  sur les pistes de l'aérodrome, en ayant tout juste le "droit" de s'élever à quelques mètres du sol pour aussitôt s'y reposer? Ce n'est pas à cette école qu'il pourra un jour prétendre passer au-dessus des nuages.

 

Le randonneur doit-il se contenter d'un périmètre de deux kilomètres autour de sa demeure, ou bien aura-t-il intérêt à élargir son champ de marche toujours et toujours plus? À chacun sa réponse.

 

La vie est trop courte pour être sempiternelle. Il faut explorer le maximum, vivre par soi-même toutes les expériences, et comme l'oiseau sorti du nid, s'en aller par le monde faire ses propres classes, comme les Compagnons de jadis (et peut-être encore d'aujourd'hui) parcouraient une multitude de pays en faisant tamponner leur tablier au gré des expériences acquises, pour revenir un jour, "pleins d'usage et raison", exercer leur art en un lieu de leur choix.

 

L'Aïkidô, le Budô en général, ne consiste pas en la répétition éternelle des mêmes gestes: cet aspect-là de la Pratique n'en représente que les premiers pas, desquels il ne faut pas tarder à s'affranchir, et oser s'aventurer en des régions inconnues, inviolées parfois, où l'on trouvera plus que sûrement quelque sentier, quelque clairière, quelque ruisseau inédits, qui enrichiront prodigieusement notre propre Acèse, et par ricochets celle des personnes auxquelles on a le bonheur, et le privilège, d'enseigner.

 

Un article sur l'Enseignement de l'Aïkidô, qu'il convient d'expérimenter très tôt, fera l'objet d'un tout prochain article sur notre Blog.

 

Si la pratique du Sabre et du Bâton doit obligatoirement accompagner une saine pratique de l'Aïkidô, elle ne doit cependant pas prendre le pas sur la pratique à mains nues, qui évidemment représentera quatre-vingt pour cent de l'Exercice.

 

Pour autant, la pratique inlassable mais ô combien lassante de sempiternelles techniques de "base" à mains nues est à proscrire formellement: on ne fait que se figer dans la routine, sans aucun espoir de pouvoir un jour élargir son champ de vision, et sans l'espoir de pouvoir un jour ouvrir grand ses ailes et découvrir le vaste Univers de l'Aïkidô.

 

D'aucuns ont bien sûr intérêt à maintenir les Pratiquants dans l'ignorance, à les maintenir sous domination en ne leur servant que de la techique sempiternelle. C'est également, soyons-en conscients, une question de limite personnelle de la part de ces instructeurs.

 

 

Les sabres de collection, qui furent de tous temps davantage des accessoires de prestige que de pures "armes", doivent être laissés aux collectionneurs, qui espérons-le savent en prendre le plus grand soin. Un Pratiquant recherchera un sabre de la nature de celui présenté ici: un magnifique fourreau d'écaille, une garde en métal précieux, une poignée tressée en soie jaune-doré susceptible de s'altérer à l'usage, tout cela donne des Katana qui ne font évidemment pas l'affaire pour un entraînement quotidien. Ces objets-là trouvent leur place dans les musées ou chez les grands collectionneurs.

 

Quant à la valeur marchande de ces objets, elle ne peut être que subjective. Quand on sait la diversité des talents qui entrent dans la fabrication d'un Sabre antique, et le nombre d'heures passées à le penser, le forger, le polir, lui fournir ses accessoires sur mesure, tous confectionnés par quelque spécialiste, il devient évident que la "valeur" est impossible à établir.

 

Ainsi, en sus du forgeron, on trouve le fabricant de menus accessoires, dont le travail apparaît, même avec les instruments de grossissement modernes qui n'existaient pas à l'époque, d'une exceptionnelle minutie; le fabricant de poignée en bois, laquelle sera entourée ou agrémentée de galuchat (peau de requin, peau de raie dit-on parfois, le tout dépendant des matériaux disponibles sur place); le tresseur de poignée, profession entière; le fabricant de fourreaux, qui prendra l'empreinte de la lame et confectionnera le fourreau à partir d'une pièce de magnolia, qui sera fendue en deux, creusée, puis refermée, pour être confiée ensuite au laqueur, autre profession entière; le fabricant de Tsuba, qui aura reçu commande d'un motif particulier ou bien laissera librement cours à son imagination pour créer un modèle toujours unique et parfait... Tout cela fait beaucoup de monde, et le simple fait de se représenter les diverses allées et venues effectuées par tous ces artisans-artistes pour travailler de concert, donne un tout petit aperçu du travail, et surtout de la patience, et aussi du génie déployés par ces hommes la plupart du temps demeurés anonymes.

 

Après cela, on comprend qu'il est impossible de quantifier le travail en heures, et le prix en une monnaie quelconque.

 

 

Un Sabre comportant quelques imperfections risque moins d'être fragilisé par l'entraînement: c'est donc vers ce type d'Objet qu'il convient de diriger ses recherches. L'exemple cité ici, d'une bourse aux armes où surgit miraculeusement l'Objet qui sera fait pour vous, pourra nourrir votre propre réflexion.

 

En toutes choses, il convient d'avoir l'oeil, car la Vie nous met de manière permanente en situation d'évoluer, dans quelque domaine que ce soit: il ne faut simplement pas rater les "panneaux indicateurs" postés sur notre route.

 

Bon Entraînement à Toutes et à Tous!

Prochain Rendez-vous de Stage:

 

HERZOGENHORN,

Stage d'Aïkidô

pour TOUS LES NIVEAUX,

Du 22 au 28 Juillet 2018 inclus.

Renseignements & Inscriptions

auprès de Mme. Sybille HAASE, Seiryukan

(Lüneburg).

N'HÉSITEZ PAS, N'HÉSITEZ PLUS!

ON NE VIT QU'UNE FOIS!

 

Pascal OLIVIER.

Contact direct:   oripasu@yahoo.fr

DÉMONSTRATION du 14 avril 2018

Publié le 22/04/2018 à 21:11 par aikidotenjinkai

VOIR LA VIDEO

 

"FLUIDE& CALME"

 

C'EST À L'INVITATION du Comité sportif de Roissy-en-Brie que notre groupe Aïkidôciste s'est produit sur la scène de l'ancienne halle aménagée en théâtre, "la ferme d'Ayau", à Roissy-en-Brie. Vingt minutes nous étaient allouées pour démontrer notre Art; la démonstration avait lieu sur une scène de théâtre surélevée, avec rideaux etc. Autant dire que les conditions étaient réunies pour faire un travail de qualité. Quant au résultat: seul le spectateur, en direct ou internautique, est à même d'en juger.

 

Nous passions en début de Soirée, juste après le TaïChi, qui avait fait une démonstration remarquable de fluidité et de souplesse; le début de la soirée est un moment privilégié, où les attentions ne sont pas encore amoindries par une succession de démonstrations parfois répétitives ou sans intérêt majeur. Il s'agissait par conséquent de surfer sur la vague d'Harmonie créée par le groupe TaïChi, en la développant.

 

Après quelques généralités sur le travail des armes, et sur les qualités qu'il développe chez l'adepte: stabilité, réactivité, utilisation du centre, mobilité, on enchaînait tout de suite par une présentation de quelques Tantô Dori ou techniques appliquées sur attaque au poignard. Cette première partie était entièrement improvisée.

 

Ensuite, chaque groupe d'élèves a présenté le programme préparé méticuleusement depuis plusieurs semaines; à l'observation de leur propre prestation, gageons qu'ils apprendront quelques utiles principes qui leur serviront lors de présentations futures.

 

On laissera le fin mot à un jeune spectateur, garçon d'une douzaine d'années d'origine africaine, qui en voyant passer le groupe des Aïkidôkas au moment de la pause, a laissé échapper à notre intention: "Alors, l'Aïkidô, c'est fluide et calme, n'est-ce pas?" Rarement tant de vérités auront été énoncées en si peu de mots.

 

OUI, en effet, "fluide", c'est là le maître mot de tout ce que nous tentons de faire; "calme", car au regard des excitations des nombreux autres arts démontrés, l'Aïkidô (seul groupe à être passé sans musique de fond) fait figure d'Art méditatif en effet.

 

Un grand Bon Point donc, pour ce petit gars qui a su jauger très subtilement la démonstration à laquelle il a assisté.

 

 

LES PRINCIPES D'UNE "BONNE" DÉMONSTRATION.

 

IL FAUT susciter l'intérêt des spectateurs en créant la surprise. Cela signifie qu'il faut présenter, toujours brièvement, des principes techniques sans jamais répéter deux fois le même mouvement.

 

N'oublions pas: surprendre le spectateur. Et surtout, ne pas le lasser par des répétitions ou des lenteurs. Dès que l'attention se relâche, il y a déconcentration; le spectateur s'ennuie, même inconsciemment. Il ne regarde plus que distraitement. L'effet est donc moindre.

 

De même, on évitera absolument de se livrer à des immobilisations au sol, qui sont des moments de stagnation pendant lesquels l'attention s'émousse. On peut cependant conclure une série de mouvements par une brève immobilisation.

 

Il faut donc toujours rester en mouvement, ce qui signifie qu'il convient de privilégier les techniques de projection par rapport aux contrôles articulaires. Ne pas hésiter à faire quelques aménagements, voire quelques entorses aux techniques classiques afin que l'ensemble soit dynamique et présentable.

 

Faire preuve d'un Zanshin impeccable et sans compromis: le spectateur doit sentir qu'il y a une Trame dans le déroulement de la démonstration, afin de suivre du début jusqu'à la fin ce qui s'y passe.

 

Une démonstration est toujours un grand moment; sous les feux des projecteurs, on est poussé dans ses retranchements, et par conséquent obligé de sortir ce que l'on a réellement acquis.

 

Il ne faut jamais manquer une occasion de démontrer en public; c'est de cette manière que l'on acquiert l'expérience nécessaire, et que l'on apprend à dominer ses émotions.

 

Bon visionnage à toutes et à tous!

À très bientôt pour de nouvelles présentations techniques.

 

Pascal OLIVIER.

STAGE D'HIVER 2018 à OZOIR (77)/// LE HAKAMA, TENUE NOBLE

Publié le 05/03/2018 à 23:05 par aikidotenjinkai

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Maître Sylvain en action:  Souplesse, précision et fluidité.

(Uké: Madame Linda.)

 

Clôture du Stage d'Hiver 2018

 

LE STAGE D'HIVER s'est terminé vendredi 2 mars, les quatre entraînements hebdomadaires d'une heure chacun (lundi, mardi, jeudi et vendredi de 20h à 21h) ayant pris la suite du Stage de trois jours mentionné dans notre dernier article.

 

L'effervescence s'en est allée avec nos Visiteurs, mais la motivation est demeurée: une douzaine de pratiquants se sont en effet retrouvés afin de poursuivre l'entraînement dans l'esprit du Stage si merveilleusement commencé.

 

Afin de varier les plaisirs, les quatre soirées furent chacune animée par un professeur différent: Pascal OLIVIER lundi, Vincent BRAJDIC mardi (Aïki-Jutsu et arts internes: intéressant travail respiratoire et de sensations), Philippe BRAJDIC jeudi (Aïkidô de l'École SUMIKIRI; verticalité dans le mouvement, prise de conscience du placement du corps dans l'espace); enfin, Sylvain H. vendredi (le plus ancien Élève du club avec 23 années de pratique continuelle et assidue, et par ailleurs instructeur dont l'enseignement est apprécié de tous).

 

Ce dernier, qui de par sa profession souhaite demeurer discret quant à la publication des images le concernant sur la Toile, ne pourra qu'apprécier le flou artistique produit par le téléphone de M. Sovanno YOU, qui a pris un certain nombre de clichés lors de ce dernier entraînement.

 

OR il se trouve que ce flou correspond particulièrement bien aux mouvements d'Aïkidô qui, par définition, sont... des mouvements, c'est-à-dire qu'un appareil par trop performant en vient à figer l'instant sur l'image, cependant que l'application technique induit une notion de mouvement susceptible de n'être rendue que par le flou d'un appareil moins perfectionné. Ici s'illustre un principe bien connu: la perfection réside dans l'imperfection.

 

Maître Sylvain nous a enchantés par la netteté de ses applications, le corps toujours droit, détendu, souriant, et la rondeur du mouvement telle qu'elle apparaît sur les deux photos publiées en début d'article.

 

Le premier cliché  montre une amorce d'attaque en Yokomen Uchi (frappe latérale); voyez comme Shité (l'Appliquant) s'est déjà inséré dans la circularité de l'attaque,  pour en prendre le centre et l'annihiler.

 

La seconde photo  montre la phase finale du mouvement: les mains placées vers le haut indiquent bien que le partenaire n'a pas été orienté vers le sol, mais vers l'espace (ou vers l'horizon), cet aspect déterminant (une technique dirigée vers le sol a pour vocation inéluctable de "mourir") produisant un effet de souplesse et si l'on peut dire d' Infinité , chose nécessaire si l'on tient compte du Zanshin ou perpétuation du mouvement dans l'espace et dans le temps.

 

Madame Linda, qui apparaît en qualité de Uké sur ces deux photos, s'est vu décerner le Hakama à l'issue du Stage, tout comme Madame Anne-Claire dont il était fait mention dans l'article précédent.

 

Ces deux Pratiquantes assidues ont à leur actif un peu plus d'un an d'entraînement; l'un de nos visiteurs allemands mentionnait dans un courriel reçu ce jour "les derniers mouvements réalisés avec Mme. Anne-Claire en fin de stage, qui permirent à mes 13 années de pratique de recevoir une leçon d'humilité au vu du très riche ressenti, en passant entre les mains de cette Dame qui, à ses dires, n'a qu'un an et demi d'exercice..."

 

 

Place du Hakama dans la Pratique

 

Le Hakama est l'un des attributs vestimentaires des Arts traditionnels du Japon. On en retrouve le port dans la plupart des Arts Martiaux (Kyûdô, Kendô, Iaï l'intégrent dès l'abord), ainsi que dans le théâtre, la musique de scène, et les événements de la vie (mariage etc.). Il faut bien comprendre que cette tenue très noble d'aspect doit se porter comme telle, c'est-à-dire élégamment autant que faire se peut, car sa vocation est précisément de souligner la  noblesse  d'une attitude ou d'un port de tête.

 

 

D'une manière générale, on reste, en Aïkidô, dans des tons neutres, noir ou bleu foncé. Jusqu'au milieu des années 70, le  Hakama blanc  était décerné aux pratiquants titulaires du 3ème Kyû: la blancheur était ici synonyme non de pureté, mais de noviciat. Le Hakama noir était acquis en même temps que la Ceinture Noire. Correspondant à  "l'Oeuvre au Noir"  des Alchimistes, la  Ceinture Noire  et le Hakama de même couleur ne représentent nullement un aboutissement, mais tout au contraire un  Commencement.

 

 

Au Japon où l'on est friand de métaphores, le noviciat constitue les cinq premières années de pratique, à raison de trois entraînements par semaine. On dit que ces années sont consacrées à  l'approche du Temple,  généralement constituée d'un interminable escalier de pierre au haut duquel on a, enfin, en sus d'une sensation d'essoufflement, une vue sur la cour du sanctuaire: cela signifie que  les choses sérieuses vont pouvoir commencer.

 


Se contentera-t-on de rebrousser chemin, satisfait d'avoir aperçu de loin le bâtiment pour la visite duquel on a gravi toutes ces marches? Beaucoup de pratiquants, au Japon comme ailleurs mais paradoxalement peut-être au Japon surtout, estiment avoir fait le tour de la pratique par le simple fait d'avoir ceint un bout de tissu noir autour de leurs hanches. Rassurons-nous en constatant que, sur une période de dix années par exemple, le pourcentage de pratiquants ayant continué l'entraînement au-delà des quatre ou cinq ans nécessaires à l'obtention du premier  Dan  est deux fois supérieur dans les pays européens, par rapport au Japon où les passions s'essoufflent généralement assez vite. Les visites de Dôjôs au Japon année après année sont l'occasion de s'en rendre compte, même si bien entendu certains pratiquants, assidus plutôt que passionnés, perdurent sur les décennies.

 

 

L'obtention de la Ceinture Noire signifie que, ayant enfin acquis quelques bases, on va pouvoir entrer dans le vif du sujet et pénétrer au coeur de la pratique. Mais la  couleur  de la ceinture a au fond peu d'importance. Il en va de même pour le Hakama.

 

 

Il n'y a à vrai dire aucune norme en la matière. On pourrait presque dire que la couleur du Hakama est laissée au goût du pratiquant. On est surpris en visitant une boutique spécialisée en articles de Budô au Japon, de voir la diversité des coloris, certains très osés: à rayures, beige, jaune, marron toison d'ours, gris éléphant, bleu pétrole, vert clair de lune, blanc... Les Hakamas "authentiques", c'est-à-dire ceux qui précédèrent la fabrication industrielle de textiles aux couleurs chimiques, étaient en coton bleu nuit. Le polyester, matière moins noble, moins agréable à porter mais ô combien plus aisée à entretenir, a détrôné le Hakama en coton et imposé la couleur noire au début des années 70. Il convient de préciser que la couleur du Hakama n'est jamais la marque d'un grade ou d'un niveau.

 

 

Dans le cas de l'Aïkidô, libre choix est laissé aux professeurs de fixer le moment où le Hakama sera porté par l'élève. Revêtir le Hakama dès l'abord n'est pas en soi un "cadeau" fait au pratiquant; il peut en revanche en être un pour le club qui souvent (surtout au Japon) encaisse une commission pour chaque vêtement vendu, ce qui constitue une source non négligeable de profit. Et l'on sait qu' il n'y a pas de petit profit,  précepte bien connu des profiteurs. Cela dit, est-il judicieux d'inciter un pratiquant tout débutant à investir dans une tenue complète au surplus coûteuse, dès sa première séance? Soyons sérieux.

 

 

Le cas de l'Aïkidô est donc assez particulier: le Hakama ayant tendance à s'ouvrir et à souligner la circularité d'un mouvement, il ne s'impose vraiment que lorsque les applications techniques ont cessé d'être hachées.

 

 

Le geste ayant atteint une certaine fluidité, le Hakama s'impose alors pour permettre à l'Adepte de  ressentir,  par le fait que la ceinture du Hakama contribue à le comprimer légèrement,  le placement de son centre  dans l'action; ensuite, une technique mal appliquée verra le Hakama retomber droit, alors qu'un mouvement correctement effectué, c'est-à-dire plein de vie, verra le Hakama virevolter élégamment. L'élégance n'est pas à rechercher; elle doit fuser naturellement de l'esthétique d'un geste. En revanche, la rechercher mènerait à travailler la plastique du mouvement, en en retirant la spontanéité.

 

 

La plupart des Dôjôs font, de nos jours encore, correspondre le port du Hakama avec l'obtention de la  Ceinture Noire (Premier Dan);  beaucoup cependant admettent et recommandent son port dès le  Premier Kyû,  sorte d'examen blanc au Premier Dan.

 

 

Notre Cercle Aïkidoïste d'Ozoir a pour principe de favoriser la progression des Pratiquants en leur remettant assez tôt le Hakama, c'est-à-dire dès que les mouvements ont acquis suffisamment d'aisance et de naturel pour justifier le port, ô combien valorisant, de cette élégante jupe-pantalon.

 

 

Bravo à nos deux nouvelles récipiendaires  de cette belle distinction, dans un Art où les jalons existent si peu, et c'est fort bien ainsi: la course aux "grades" a pour effet de dénaturer gravement la pratique, tout comme le ridicule usage des ceintures de couleur, imaginées dans les années 50 en France, par le Maitre japonais KAWAISHI pour motiver les enfants que leurs parents inscrivaient au Jûdô. Les adultes seraient-ils de grands enfants?

 

 

AFIN DE CLÔTURER le chapitre de ce Stage d'Hiver, laissons la plume à une jeune Pratiquante, française résidant à Munich, Madame Leïla: elle résume en un paragraphe le ressenti des Participants à cette belle rencontre.

 

"Arrivée à 14h00 à la gare de l´est, je rejoins mes collègues de stage à la gare du nord, où nous serons récupérés en voiture par Pascal.

Après un petit détour à l´aéroport d'Orly pour récupérer le dernier d´entre nous,

c´est parti pour 3 jours d´Aïkido, mais pas que...

 

Dès notre arrivée au Dojo, nous allons nous changer et commençons

l´entraînement. Nous sentons une bonne humeur ambiante, et une grande dose de motivation chez tous les participants. Cela fait plaisir à voir.

 

Tout le long du stage, il sera très important de bien écouter son corps, ne jamais le forcer ; plus que la technique, seront importants la fluidité du mouvement, son amplitude et sa circularité. Bien-sûr, nous ferons tout de même attention à appliquer la technique montrée et à l´appliquer de la manière la plus juste possible.

 

À ce stage sont venues des personnes de tous horizons. Cela est toujours aussi intéressant de pouvoir s´entraîner avec de nouvelles personnes, de pouvoir échanger des avis, nos habitudes, nos apprentissages, notre façon d´appréhender l´Aïkido.

 

Lors de ce week-end, nous avons eu la chance d´être accueillis à trois reprises chez des participants, également élèves de Pascal au quotidien. Ils nous avaient préparé de délicieux repas, que nous avons eu la chance de pouvoir déguster tous ensemble dans la bonne humeur. Cela nous a donné l´occasion d´apprendre à mieux nous connaître, autrement que pendant l´entraînement.

 

Nous avons également eu droit à une visite guidée, privée, de la chocolaterie« La Ferme au Chocolat »pendant laquelle nous avons eu droit à une dégustation. Si nous avions pu, nous aurions tout mangé...mais il fallait se réserver pour la suite."

PREMIER STAGE INTERNATIONAL à OZOIR (FR)

Publié le 01/03/2018 à 22:04 par aikidotenjinkai

 

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Photo: Grégoire ENGRAND.

"Le Budô est Cercle,

Le Cercle est Danse;

Le Budô est Danse;

La Danse est Cercle,

Le Cercle est Budô,

La Danse est Budô..."

(Proverbe japonais lié au Budô).

Le terme "Danse" est à prendre ici au sens cosmiqueDanse des Astres dans l'Espace,...

 

C'EST UN GROUPE de 26 Pratiquants passionnés qui se sont retrouvés à Ozoir-la-Ferrière (Ile-de-France) du vendredi 23 février au soir, jusqu'au dimanche 25 midi, dans une ambiance studieuse ET cordiale.

 

MAIS AVANT D'ALLER PLUS LOIN, rappelons que la Bienveillance est le mot d'ordre, le leitmotiv, la raison d'être même de nos stages.

 

Terme peut-être peu aisément traduisible (quel en serait l'équivalent japonais? Existe-t-il même? Pas certain...), il convient d'analyser les mots, non seulement dans leur sens étymologique, mais encore et surtout dans l'idée qu'ils actionnent au niveau de notre pensée.

 

Bienveillance: Disposition favorable envers quelqu'un; indulgence.

(Définition du dictionnaire Larousse)

 

Mais cette définition ne manque pas de nous laisser sur notre faim.

 

Bienveillance. Bien: le contraire du Mal. Veillance: veiller, veiller sur, veiller à; le veilleur: celui qui veille, comme le veilleur de nuit qui veille à la sécurité des personnes et des biens, y compris en leur absence ou pendant leur sommeil. Citons encore la veilleuse: petite lumière qui évite de plonger dans l'obscurité totale.

 

Veiller au Bien, ou au bien-être (de quelqu'un), comme la Maman observe avec ravissement l'enfant dans le berceau lorsqu'elle vient silencieusement, une veilleuse à la main, s'assurer que son enfant est bien endormi, bien couvert, qu'il respire paisiblement et ne manque de rien.

 

La Bienveillance est bien "l'Amour" évoqué par Maître UESHIBA, faute d'un autre mot; il ne s'agit pas de l'amour filial, ni de l'amour existant entre deux fiancés, mais d'un sentiment difficilement définissable qui englobe le partenaire dans un cercle vertueux, celui de nos applications techniques pour lesquels, notons-le bien, il ne faut jamais, jamais, strictement jamais faire du mal ou tenter d'en faire à notre Partenaire, cet autre soi-même grâce auquel la pratique peut prendre forme, et le progrès s'effectuer.

 

"Benevolence" semble en être la traduction anglaise; pas certain que ce terme véhicule une idée aussi large que celle exposée ici. Benevolence, étymologiquement, semble évoquer bien plus "vouloir le bien", ce qui s'approche effectivement de La Bienveillance, mais s'en distingue peut-être un petit peu. Souvenez-vous: la veilleuse, petite lumière qui évite l'obscurité... Le regard attendri de la maman sur l'enfant... C'est tout cela la Bienveillance.

 

Tel fut, cette fois encore, le socle sur lequel se construisit notre Stage.

 

 

Une grande première!

 

Nous recevions une délégation de Pratiquants allemands (une petite dizaine), ainsi que des visiteurs d'autres clubs, en particulier Vincent BRAJDIC (Professeur d'Aïki-Jutsu et de Katori Shintô Ryû) et Philippe BRAJDIC (Professeur d'Aïkidô de style Sumikiri), ce dernier accompagné de plusieurs de ses élèves.

 

RIEN n'aurait été possible sans l'opiniâtreté de trois personnes, particulièrement motivées pour l'organisation de ce Stage et auxquelles nous devons, et son organisation, et son succès:

 

Maître Grégoire ENGRAND, le Meilleur Chocolatier de France (les mots sont pesés, et c'est un amateur inconditionnel de chocolat qui écrit ces lignes), également Aïkidôka passionné, pris sur le vif lors de sa démonstration nocturne de fabrication de chocolat, ce 23 février 2018:

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Photo: Sabine TROEGER.

 

Une surprise de taille:

 

Maître Grégoire nous a enchantés par une réception-surprise, organisée nuitament et de main de maître chez lui à La Houssaye-en-Brie, dans sa Ferme au Chocolat, une antique bâtisse devenue voici une quinzaine d'année un atelier de fabrication de chocolats portant sa marque ("La Ferme au Chocolat"). Signalera-t-on ici que ses produits sont appréciés dans le monde entier, et que soucieux de maintenir une qualité sans compromis ni compromission, il est contraint de refuser beaucoup de commandes qui, s'il y donnait suite, lui assureraient gloire et fortune? C'est tout un état d'esprit, que ceux qui le connaissent reconnaîtront. Ses produits se retrouvent dans les plus grandes épiceries parisiennes, parmi lesquelles deux établissements réputés pour leur intransigeance quant à la qualité. On n'ira pas jusqu'à leur faire de la publicité dans ce blog, à moins qu'elles ne nous financent un Dôjô privé clés en mains, ce qui vaudrait bien un petit effort de notre part il est vrai.

 

Tout s'est fait sans compter, dans tous les sens de ce terme; mais convenons que si nous avions fait appel aux services d'un traiteur pour obtenir une qualité approchante mais certainement pas comparable, de mets ET de services, la facture serait aisément montée à 2500 euros. Pardon d'évoquer des chiffres, chose qui n'est pas dans nos habitudes puisque l'Aïkidô, le nôtre en tout cas, n'est pas une source d'enrichissement personnel; bien plus, il constitue de manière permanente une source de débours, de pertes et d'investissements en temps, en énergie, au détriment de ce qui pourrait être fait par ailleurs sur un plan plus rémunérateur, avec la "casse" qui suit fatalement ces choix, au niveau financier, personnel, intime et familial. Le salaire, car il y en a un, c'est le Bonheur ressenti dans ces moments qui enrichissent l'âme, chose à tout prendre bien plus importante que de voir les zéros s'ajouter sur des comptes en banque que, pour ce que l'on sait de la Vie, on n'est jamais en mesure d'emmener avec soi dans l'Autre Monde.

 

NON CONTENT de nous régaler ce premier soir de stage avec des mets qui dépassaient très largement l'Art du Dessert (pâtisseries du jour dont il a le secret, bières de Brie, vin rouge de Cheverny, cochonnaille pour les amateurs, fromages affinés dont une mémorable "roue de Brie" --- fromage entier de la même appellation, acheté trois semaines auparavant et vieilli, mûri en cave pour être très exactement à point au soir du 23 février! Savoir-faire incommensurable de Maître Grégoire ---,,, pain de la meilleure boulangerie parisienne qu'il était allé chercher spécialement à 5 heures du matin afin de l'avoir frais du jour; sans parler de l'accueil qui a été fait à notre groupe par le Personnel de la chocolaterie, les très dévoués Borhane et Yoann (ce dernier étant 1er Dan d'Aïkidô, mais dans une autre École) qui étaient aux commandes pour que tout soit à point, et à point nommé), il a agrémenté les déjeuners de samedi et de dimanche de fabuleux "restes" ("Le Bonheur est dans les restes", dit fort justement un dicton japonais) qui sont encore dans toutes les mémoires. N'ayons pas peur des mots: je n'avais jamais rien mangé d'aussi bon que ses tartelettes au chocolat, ses fondants au chocolat, ses tartelettes aux fruits rouges, l'ensemble si exquis qu'il semblait tout droit venu d'un conte de Fées. Ici encore les mots sont pesés.

 

Le tout dans une ambiance authentiquement campagnarde, maison rénovée en vue du stage (!), feu de joie dans la cheminée monumentale, chandelles sur les tables dressées de blanc, tout comme les poutres de l'antique bâtisse qui avaient été fraîchement poncées et repeintes en blanc.

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Photo: Sabine TROEGER.

Le geste de ce jeune homme à la beauté très botticcellienne résume le ressenti des participants présents ce soir-là à La Ferme au Chocolat, de 21h à 1h30 du matin...

 

Pas de description outre mesure: il fallait être là, et les absents ont toujours tort.

 

 

SUITE des Réjouissances

 

Mais rien n'aurait été possible sans l'Art de Recevoir poussé à son paroxysme par Madame Anne-Claire DARRÉ, l'une de nos adhérentes (à gauche au premier rang, sur la photo ci-dessous), secondée de son époux Monsieur Didier, et assistée de sa (très jolie) fille Noéline, (l'ami de cette dernière, Arnaud, participant aussi à la fête, les deux jeunes gens assurant un service efficace et attentionné) pour organiser les repas pantagruéliques des samedi et dimanche midis, la nourriture, le vin et l'amitié coulant à flots. Des moments inoubliables, qui feront dire à l'un de nos visiteurs, le jeune Lukas, de Munich, bien connu pour l'excellence de sa pratique: "C'est là qu'on est conscient, et content, d'être en France".

 

 

 

Programme du samedi soir: un dîner à Paris, et jugez plutôt: à  L'Entracte, avec vue, du premier étage d'un bâtiment haussmannien (la face arrière du Grand Hôtel, datant des années 1880), sur la façade illuminée de l'Opéra garnier, qui est n'ayons pas peur des mots, le plus beau monument du Patrimoine architectural français, laissant derrière lui Versailles dont il s'est inspiré, et même la Place Vendôme dont il n'est distant que de trois cents mètres. Excellence toujours, et jusqu'au bout! Mais il faut préciser que, question qualité, ce que nous servirent Grégoire et Anne-Claire fut d'un tout autre niveau que les mets consommés dans cette brasserie dont le principal atout est sa situation géographique.

 

L'idée de base, pour l'organisation du stage, est née dans l'esprit de Thierry LANDAIS, un autre de nos Adhérents (à côté d'Anne-Claire sur la photo ci-dessous) et par ailleurs vice-président de notre association Aïkidôïque, lors de son retour du Stage de Herzogenhorn de l'an passé: une découverte, une révélation peut-être (le fameux Satori du Budô, et du Zen) pour lui, qu'il se faisait fort de faire partager, avec Maître Grégoire avec lequel il lia connaissance lors de ce stage, en organisant un "Horn" en modèle réduit chez nous, sur au moins trois jours.

 

Opiniâtre comme il convient de l'être, Thierry a pulvérisé tous les obstacles et blocages rencontrés pour que ce stage soit réalisé. C'est non sans une certaine satisfaction qu'il se prélassait dimanche midi, une fois la tâche accomplie, comme le chef d'orchestre exténué se pose sur une chaise en bordure de scène une fois le grand concert terminé, et réussi.

 

 

 

Bienveillance, Bien-être, Bienvenue...

Tout est bien, qui finit bien.

 

Pour le reste, pour le reste, pour le reste... Le directeur de stage ne peut que remercier les organisateurs pré-cités, et ce sont les élèves et participants qui, s'ils le souhaitent, ajouteront à cet article quelques commentaires concernant le déroulement technique du stage, qui a été de toute façon placé sous le signe de la passion et de la ferveur. Comme le sont d'ailleurs tous nos stages, avec des vibrations différentes selon qu'ils ont lieu à Lüneburg, Berlin, Ozoir, ou ailleurs, pour ne citer que les plus récents.

 

Pour le reste... Voyez les visages de nos Participants, sur cette dernière photo prise à l'issue du stage, par Léo TESSONNEAU, fils de l'un des nos adhérents; scrutez chaque visage, voyez les expressions: elles sont parlantes, elles sont probantes.

 

IMG_0579.jpgRemerciements à Léo TESSONNEAU (6 ans) pour cette photo de fin de stage! 

 

Prochain rendez-vous:

Herzogenhorn, du 22 au 28 juillet inclus.

Inscriptions et renseignements auprès de Mme. Sybille HAASE, du Seiryukan de Lüneburg.

 

Pascal OLIVIER.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IMPRESSIONS DE STAGE (Berlin, 9-10-11 février 2018)

Publié le 18/02/2018 à 20:21 par aikidotenjinkai

Nos Stages

Un Stage est une Rencontre

 

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SUPERBE ILLUSTRATION de l'idée motrice du Stage: Découverte & Amitié. Thorsten (D) et Thierry (Fr) à l'oeuvre. Étude du principe de la main guide tel qu'expliqué plus bas dans l'article d'Alexander (Photo: A. Hohmann).

Remarquez la position parfaite: ébauche de la rotation dans le mouvement d'accueil du Partenaire, main gauche en extension, corps droit;  main droite doucement appliquée à la nuque de Uké, en confirmation du sens du mouvement.

 

 

Rencontre des Hommes (et Femmes); rencontre des Âmes, puisque l'Aïkidô nous remue, c'est bien connu, jusqu'au tréfonds de notre être, de chair et d'ondes subtiles.

 

L'arrivée au dôjô, après une visite de rêve au Sans-Souci, "Versailles berlinois", et la crainte d'un éventuel retard, se fait dans des circonstances très favorables, le trafic coutumier du vendredi n'ayant pas cours ce jour.

 

Patientant devant le dôjô, qui n'est pas encore ouvert, nous avons le plaisir de voir arriver presque en même temps que nous une jeune Pratiquante à la superbe chevelure blonde-rousse toute fraîchement débarquée de son vol de Munich. Le ton est promptement donné: "Puisque vous ne venez pas nous voir, c'est moi qui viens à Berlin... J'espère que vous allez me débloquer, parce que j'en ai vraiment besoin..."

 

Le propos, en forme de reproche, sera dignement relevé; cette jeune personne, inconnue de la totalité des autres participants, se verra appelée pour l'application des trois premiers mouvements et de leurs multiples mises au point.

 

Non content de "débloquer" une Pratiquante des fatigues d'un long voyage, il s'agissait, par une sorte de code tacite entre nous deux, de reprendre un travail technique que nous avions ébauché en novembre 2016 à Munich, au stage organisé par le club de Laim: des applications au ralenti, avec pour seul souci le placement du corps dans des mouvements aussi fondamentaux que Ikkyô, Nikyô, Sankyô. Également praticables pour Koté Gaeshi ou par exemple Kaiten Nagé, ces préparations au mouvement (qui ne sont pas encore des applications techniques mais permettent de trouver ses marques dans l'application future des waza) remettent le corps en place, remettent les membres en phase, et quiconque les a goûtées en conserve un souvenir impérissable, comme celui de quelque chose de presque inaccessible tant l'on est habituellement prisonnier des "obligations" techniques, alors que parfois le corps n'en demande pas autant...

 

L'aspect télépathique jouant pleinement son rôle chez l'être humain, consciemment parfois, inconsciemment le plus souvent, les deux partenaires de novembre 2016 se retrouvaient, après une interruption de quinze mois, à poursuivre sans un mot le travail de la fois précédente. C'était une sorte de code, tacite et ignoré de tous les autres présents, qui trouveront dans ces lignes l'explication à ce début de séance du vendredi soir. Car tout dans nos Stages a un sens, et rien n'est jamais abandonné au hasard...

 

Mais laissons plutôt la plume à Alexander, bienveillant traducteur de ce Blog en version allemande, qui en Aïkidôka passionné a suivi l'intégralité du Stage. On retrouve dans ses lignes, rédigées dans un français absolument sans défaut, à faire rougir d'envie bien des gens de chez nous,,, les différentes phases par lesquelles passe obligatoirement le Pratiquant se rendant à un Stage.

 

Mais bien plus, le dirigeant du Stage retrouve dans ce qui est exprimé ci-dessous, tout ce qu'il souhaitait précisément faire passer, transmettre, faire ressentir, car il est bien entendu que dans nos stages (le pluriel est de rigueur, car ces Stages sont le résultat d'une interraction entre le dirigeant--- le chef d'orchestre --- et les Participants --- les musiciens) chacun est acteur de ce qui se passe, le dirigeant ne faisant que donner des pistes de travail, de réflexion et d'étude ultérieure... Le tout dans une ambiance studieuse et rieuse, pratiquer dans la bonne humeur étant une chose à conseiller fortement.

 

Prochaine Étape: PARIS! Peut-être un peu tard si vous n'aviez pas eu l'information à temps. Mais qui sait? Vous pouvez peut-être encore sauter dans un avion si vous habitez loin. Ou vous entendre à plusieurs pour faire le voyage en voiture si vous habitez près. Ou même prendre les transports publics dans ce cas! Même venu à l'improviste, vous ne trouverez jamais porte close. Rendez-vous vendredi soir à 20h précises au Gymnase BOULLOCHE, 1, allée de l'Espoir à Ozoir-la-Ferrière 77330 (FR).

 

Pascal OLIVIER.

 

 STAGE D'AÏKIDO À BERLIN

AVEC PASCAL OLIVIER

EN FÉVRIER 2018

 

Posons le cadre, avant d'entamer le récit du point de vue tout à fait subjectif d'un participant. Voici donc les faits de départ, tout à fait prosaïques: Du 9 au 11 février 2018, la section Aïkido du club «SSC-Südwest 1947» de Berlin organisa sous l'égide de Martin Bilan (3e Dan) un stage d’Aïkido dirigé sur les tatamis par Pascal Olivier, venu spécialement d'Île-de-France avec deux de ses adhérents. Voilà. Moteur. Action.

 

 

DÉROULEMENT DU STAGE

 

Le premier rendez-vous avait lieu le vendredi à 18 heures, dans un gymnase au Sud-Ouest de Berlin, dans le quartier de Steglitz. Le premier échauffement fut assez long, de trois quarts d'heure environ, puisque nous avions pas mal de bretzels sur la planche. Puis nous passâmes à un rythme d'emblée plus soutenu au fil de quelques exercices.

 

J'avoue qu'après cette première séance, le reste de la soirée fut un peu rude pour la biomécanique et des tâches aussi triviales que se lever d'une chaise avaient un peu moins d'évidence qu'à l'accoutumée. Il fallait s'y attendre. Je me demandais comment j'allais tenir deux jours encore. Mais - surprise - une nuit de sommeil plus tard, la mécanique s'était manifestement assouplie, et les deuxième et troisième jours se passèrent physiquement sans problème. Cela fait comprendre l'intérêt de commencer le vendredi soir au lieu du samedi: pour ne pas démarrer le cœur du stage avec un moteur encore à froid.

 

La deuxième séance eut lieu le samedi de 15 à 18 heures. Nous étudiâmes notamment l'Irimi Nage sur diverses entrées, allégé de l'aspect habituel de contrôle serré consistant à ce que l'Uké trouve sa tête plaquée contre la poitrine du Shité par une main collée sur sa joue ou son cou. Au lieu de cela, la main était simplement posée sur l'occiput de l'Uké, non plus en contrôle, mais simplement en «confirmation» du mouvement.

 

Plus généralement, des accents étaient mis notamment sur l'amplitude et l'extension du mouvement, avec le but de se "libérer de la cuirasse" en allant à contre-courant de certaines de nos habitudes. La vie quotidienne nous apprend pour beaucoup à nous rapetisser pour réduire la prise au vent des aléas du quotidien. Cela se retrouve ensuite dans des mouvements de l’Aïkido trop timides et tournés vers le sol, trop préoccupés parfois aussi de contrôle étroit de l'Uké. Pascal nous poussa à aller au contraire à la conquête de l'espace: donner à nos mouvements une ampleur conquérante, terminer le geste non pas en poussant l'Uké en diagonale vers le sol, mais prenant pour direction l'horizon lointain, comme une onde qu'on confie à l'univers. Il semble bien qu'il ne suffise pas d'apprendre l’Aïkido, mais qu'il faille aussi le libérer. Se libérer de la cuirasse.

 

Je fis quelques belles expériences, avec des partenaires différents, des mouvements parfois d'une suavité heureuse et confiante, tout en amplitude libérée d'à-coups, à la faveur du haut niveau moyen des participants. Les combinaisons entre entrées et techniques étaient inhabituelles et ne figurent certainement pas dans le catalogue standard s'il en existe un. C'était plutôt un travail de fond, allant de techniques moins spatiales jusqu'à des Uchi Kaiten Nage où le partenaire du moment et moi avons pris grand plaisir à nous envoyer paître l'horizon pour revenir à la charge juste après, le souffle court mais avec le sourire.

 

La particularité de ces Uchi Kaiten Nagé était qu'à la fin de la technique, la jambe arrière ne faisait plus son pas en avant classique pour accompagner l'Uké dans l'élan final. Au lieu de cela, en prenant appui sur cette jambe restée en arrière, nous allions dans une extension maximale, la jambe le tronc et le bras dessinant une droite inclinée vers l'avant.

 

L'inhabituel, le non-standard, la recombinaison inédite pour à la fois perturber les habitudes et mieux faire ressortir les fondamentaux universels tout en étant libre et ludique dans les détails, c'est une spécialité de Pascal.

 

Une autre, c'est un rapport pluridimensionnel à l’Aïkido. Car il dispose à la fois d'une grande érudition quant à ses racines et son historique, et d'intuitions sur certaines de ses évolutions futures possibles; il est donc en mesure de présenter diverses étapes passées et (peut-être) futures d'une même technique.

 

Le dimanche matin, nous avons notamment vu un Kotegaeshi à l'ancienne, lorsqu'il était encore pétri de l'idée de rendre un adversaire hors d'état de nuire. Nous y sommes tous allés très prudemment et sans accident aucun. Mais on sentait bien dans l'exécution très serrée et courte de cette technique, très près du corps, le bras de l'Uké collé contre la hanche du Shité, que l’Aïkido est né de violences d'un autre âge. Morihei Ueshiba les en débarrassa couche par couche pour pacifier cet art et le réorienter depuis un objectif destructeur vers une finalité d'harmonie. Il pratiquait ainsi lui-même un impératif d'évolution jamais achevée, léguant à la postérité la charge de poursuivre ce caractère profondément évolutionniste et de continuer ses explorations.

 

Aujourd'hui, si combat il y a, c'est, comme disait Pascal Olivier, le combat non plus contre un adversaire extérieur mais contre soi-même, image qui décrit surtout un effort d'amélioration de soi précisa-t-il.

 

Après tout, chaque combat entre deux parties naît toujours d'un conflit intérieur d'une seule des parties; alors autant le résoudre à la source avant de le laisser se projeter sur autrui.

 

En vérité, Pascal insista beaucoup sur le fait que l’Aïkido n'est pas un art de combat, mais un art martial, ce qui devrait se traduire par "art guerrier" ou "art de la guerre" si l'on voulait être plus fidèle à l'étymologie latine et sa référence au dieu Mars. Cela suscita des discussions intéressantes et troubla un instant son jeune interprète berlinois. Car en allemand, nous parlons de "Kampfkunst", donc d'art de combat, et non de "Kriegskunst", art de la guerre.

 

Après tout, si un combat est une action qui verrouille deux parties dans une interaction vouée à la victoire ou la destruction, l'art de la guerre n'a guère besoin de guerre et mobilise et affûte des qualités universelles applicables à bien d'autres circonstances. Œuvre collaborative par excellence où l'individu ne survit qu'en prenant conscience de faire partie d'un collectif, d'être intégré dans un système d'interactions complexes et d'influences imprévisibles pouvant survenir de toutes parts et amener des changements subits, demandant une attention permanente et une humilité face aux retournements de situation tapis au détour de chaque minute et auxquels la seule réponse valide sont non pas l’égoïsme, mais le soutien mutuel et le travail commun - ce sont là des qualités qui peuvent tout aussi bien s'appliquer à toute société résiliente et en bonne santé, qu'elle se compose de millions de personnes ou juste de deux êtres qui s'aiment. Bref, une fois abstraits de l'idée de guerre, les principes du Budo portent en eux des passerelles pour une utilisation tout à fait pacifique, bienveillante même. Cette "bienveillance" qui fut un maître-mot du stage, comme de précédents stages, moult fois rappelé.

 

Elle est également toute bienveillante mais néanmoins présente, l'intransigeance de Pascal sur les principes de base de l’Aïkido, qu'il qualifie d'immuables. Mais hors de ces principes, beaucoup de liberté, y compris dans l'organisation du stage. Ainsi Pascal ne se cache-t-il pas du tout de ne plus venir aux stages qu'il dirige avec un programme prédéfini, mais de proposer au contraire un contenu plus spontané, en fonction notamment du niveau des différents participants et de ce qui semble leur convenir. Ainsi naît un mélange coloré et jamais ennuyeux, alimenté par l'érudition évoquée ci-dessus.

 

 

TRAVAIL AVEC LES ARMES

 

Il faut se frotter à l'autre pour prendre conscience de soi. Mais cet Autre, cet élément extérieur, n'est pas nécessairement humain.

 

Ce peut aussi être une arme qu'on tient à la main, par le biais de laquelle l'Autre est constitué par les lois de la physique: Contrairement à un partenaire humain, on ne négocie pas avec les lois de la physiques, qui compensent néanmoins leur intransigeance en étant constantes et donc prévisibles. De par sa masse, son inertie et la prolongation de nos main et bras que représente l'arme, elle agit comme une loupe de nos imprécisions, dont nous prenons ainsi mieux conscience. Un Jo ou un Bokken partis dans une mauvaise direction ne se laissent pas faire et ne suivent pas docilement toutes les microcorrections et microaccélérations mais continuent sur leur lancée dans la mauvaise direction par nous initiée. 

 

Car, avouons-le, la joie occasionnelle de réussir le mouvement parfait révèle en creux que le mouvement est imparfait toutes les autres fois. Alors nous trichons tous en Aïkido et essayons de brouiller les traces de nos petits forfaits par l'accélération ou la force musculaire, remplaçant la fluidité par la contrainte. Les Ukés ne nous disent pas toujours merci.

 

Les armes et les lois physiques, elles, exposent le flagrant délit de tricherie, mais ne le jugent pas. En même temps, l'arme permet l'exercice solitaire et donc de ne pas malmener un Uké dans notre recherche d'un départ plus juste et d'une rondeur plus onctueuse. Les deuxième et troisième jour furent donc complétés par quelques exercices solitaires et à deux avec les trois armes d'entraînement familières.

 

 

LES PARTICIPANTS

 

Une petite vingtaine de participants venus de tous les coins d'Allemagne, mais aussi de France, se sont retrouvés sur les tatamis pour ces trois jours. Je crois que l'un des facteurs essentiels de la qualité du stage a été le style très coopératif des participants. Les Shités et Ukés se sont adaptés les uns aux autres et à leur niveau respectif, finement et de bon gré. Personne ne s'est cru plus important que les autres. Les gens ne se sont pas trop pris au sérieux. Pascal Olivier y veille, montre surtout l'exemple, ne se soustrait à aucune corvée commune, ne se distingue en rien des autres participants en-dehors des tatamis. Il y avait beaucoup d'affabilité dans la salle, chacun se mettant à la disposition de l'autre pour l’œuvre commune, sans aucune velléité de domination de l'autre, sans que personne ne fût tenté de montrer, le temps de quelque clef bien sentie, qui est le patron. De cette affabilité à la connivence, il n'y a qu'un pas, facile à franchir, qui se prolongea vers les repas communs. Peut-être la qualité de l'écoute et l'ouverture d'esprit dans le groupe sont-elles fonction inverse de la quantité d’ego présente et pesant sur les tatamis? Peut-être est-ce d'ailleurs vrai pour n'importe quel groupe?

 

 

IMPRESSION D'ENSEMBLE DU STAGE

 

Osons une petite réflexion en guise de bilan du stage, de la part d'un pratiquant qui, jusque-là, ne participait pas beaucoup à des stages hors du cocon de son petit club de Fribourg-en-Brisgau.

 

1. Avoir revu des fondamentaux au travers du prisme de variations inédites ou rares permet de mieux comprendre les bases, un peu comme une dégustation des différents vins d'un même cépage permet d'entrevoir ce qu'ils ont en commun, c.à.d. les caractéristiques propres et profondes du cépage derrière la diversité de son expression.

 

2. La brusque exposition à des partenaires parfaitement inconnus avec leur nombreuses facettes permet de bien mieux comprendre ce dont on est capable (ou pas). On ne prend conscience de soi qu'au contact de l'autre. Avec des partenaires peu familiers, on se découvre parfois des capacités qui ne trouvent pas toujours l'occasion de s'exprimer avec les partenaires réguliers du club d'origine.

 

3. Plus généralement, l'exposition à des influences diverses et multiples, sans a priori, est une grande source d'enrichissement, mais aussi d'orientation, dans un art qui peut se décliner de nombreuses façons qui, à mon humble sens, ont chacune leur légitimité, mais ne conviennent pas nécessairement à tous à égale proportion.

 

4. Ces stages sont aussi le lieu de rencontres humaines facilitées par la pratique commune. Car grâce à l’Aïkido, même avec une personne parfaitement inconnue, le premier sujet de conversation est tout trouvé. D'autant que cet art tend à attirer en moyenne des gens plus réfléchis et mûrs, qui vont plus facilement en profondeur. J'y a fait des rencontres des plus agréables et me réjouis d'avance de les renouveler.

 

5. En revenant d'un stage, on a découvert des choses inédites qu'on a envie de partager à l'intérieur de son club d'origine – si celui-ci veut bien accueillir cet apport. Ainsi, on participe d'une émulation fertile qui contribue à nourrir un Aïkido multiple et évolutif.

 

 

BERLIN

 

La ville du stage a-t-elle eu une influence sur la motivation des participants? C'est possible. Car Berlin est un chantier permanent, où presque tout est un peu provisoire, une ville elle-même surprise de ses nouveaux puissance et attraits mais toujours riche en balafres architecturales et autres doutes sur elle-même. Elle n'est pas donc aussi éprise de son auto-conservation que peuvent l'être des villes accumulant les beautés historiques que l'on préserve à grands frais, cet immobilier qui finit subrepticement par encourager les immobilismes, tant il encombre la vue et l'esprit de vestiges du passé, aussi spectaculaires qu'ils puissent être. A Berlin, ville relativement pauvre malgré les apparences, rien n'est vraiment acquis, d'où une inclination encore présente à l'expérimentation qui attire les créatifs. Cela a toujours été ainsi, pas seulement depuis la guerre, et se traduit par exemple par un vivier de création de start-ups peut-être le plus fourmillant d'Europe. Cependant, l'embourgeoisement rampant de la ville risque de finir par ruiner ce qui, précisément, fait son attrait. Ainsi de nombreux investisseurs internationaux souvent spéculatifs remplacent les quartiers populaires par des blocs d'appartements et bureaux de standing dans un style que j'appelle néo-caisse d'épargne, restant en partie vides et raréfiant le logement abordable, privant les quartiers des couleurs et de la gouaille de ses habitants d'origine.

 

Cela étant dit, j'eus le plaisir de faire faire aux deux accompagnateurs franciliens de Pascal un petit tour de la ville, même pas un condensé, mais plutôt une brève suite de quelques instantanés. Il est toujours intéressant de recueillir les réactions de gens venus de loin avec un regard neuf, qui voient ce que les habitués ne voient plus depuis longtemps. Ce qui les frappa en comparaison de leur expérience parisienne, c'était la tranquillité des gens, qui se mouvaient sans hâte, sans agressivité, ainsi que l'impression d'espace d'une ville bâtie en largeur plutôt qu'en hauteur. Ne le leur dites pas, mais j'ai été ravi de voir qu'ils emportaient de ces quelques heures et de ces quelques instantanés une image positive de cette ville que j'aime beaucoup et que je vous encourage à aller visiter, tranquillement, en prenant le temps. En tout cas, nous y avons passé un bon moment d'amitié franco-allemande.

 

Cordialement,

Alexander Hohmann

 

HYPERLINK : "http://www.kamai-freiburg.de/



L'ART DU KOKYÛ NAGE/// LE SABRE AÏKI

Publié le 16/01/2018 à 23:32 par aikidotenjinkai

VOIR LA VIDEOビデオを見る

 

Le KOKYÛ NAGE va faire l'objet du présent article. Mais de quoi s'agit-il exactement?

 

KOKYÛ signifie "respiration"; mais il faut savoir que dans le cadre du Budô (ensemble des Arts martiaux auxquels ont peut ajouter d'autres disciplines japonaises telles que le théâtre Nô, la calligraphie, tous ces arts où le  souffle  revêt une importance cruciale), la notion de simple mouvement d'inspir-expir est très largement dépassée, en ce sens que le KOKYÛ tel qu'il est évoqué dans l'Aïkidô inclut la notion de synchronicité  (être dans le temps par rapport à l'attaque ou, dans le cas d'une saisie, à  l'approche  du Partenaire), que l'on pourrait également appeler "timing"; la notion de distance, essentielle et indissociable de la précédente; la notion d' Harmonie enfin, celle-ci incluant elle-même le Zanshin ou  continuum  dans lequel se trouvent intégrés, sans être mêlés, l'avant, le pendant et l'après de l'application technique.

 

 

L'Aïkidô est un Art Martial;

Il n'est pas un "sport de combat"...

 

 

DIFFICILE pour l'être humain de se libérer de ses instincts: l'homme des cavernes n'est jamais très loin. L'instinct a peu évolué: désir de marquer son territoire, de s'approprier des biens et des personnes, et d'établir une domination sur eux; animosité vis-à-vis de quiconque tenterait de s'intruser dans notre zone de sécurité privée.

 

 

Il ne s'agit pas ici de déplorer les choses énoncées; car il est utile, nécesssaire, indispensable même que l'homme reste homme, et tel philosophe du 17ème siècle nous mettait en garde de manière très claire, en nous disant que  "Qui veut faire l'Ange fait la Bête".  On ne saurait mieux dire. Mais, à défaut de prétendre brider les instincts de l'Homme, il est possible de les contrôler, chose que nous invite à faire l'Aïkidô en connaissance de cause: Connais-toi toi-même... L'Aïkidô est un moyen de s'y exercer.

 

Cependant, l'Aïkidô, et c'est sa principale vertu, en dehors du fait qu'il permet de vivre d'authentiques et intenses moments d'Harmonie du corps et de l'esprit, ce qui est déjà exceptionnel;;; l'Aïkidô, donc, ne doit pas être considéré comme un sport d'opposition, ni même comme un art de "self-défense". S'il peut l'être à l'occasion et selon les circonstances, toujours forcément imprévisibles, il convient de ne pas le pratiquer avec cette idée, qui a pour effet obligatoire de plomber la pratique.

 

 

Il convient de prendre de la hauteur, de la distance également vis-à-vis des traditionnels jeux de forces qui sont le propre de l'être humain, et ceci dès la cour de l'école maternelle il faut bien le noter.

 

 

Encore une fois, il ne s'agit pas de contrer les instincts, qui sont là pour permettre à l'homme de survivre! Mais l'Aïkidô se situe sur un paradigme différent, et se conjugue sur un mode  différent  des autres pratiques à caractère "martial".

 

 

Attention au mot "martial"! À ne pas prononcer à la légère! N'est pas martial qui veut! Il ne suffit pas d'avoir des gros bras ou des attitudes fières ou agressives.

 

Il est déplorable de voir en Aïkidô, voie de l'Harmonie et de l'Amour  (définition donnée par Maître NORO lors d'un Stage à Paris en décembre 1976), des attitudes violentes telles que grimaces et poings fermés ou menaçants agités devant le nez du Partenaire qui, comme son nom l'indique, est partie intégrante de l'action. Sans lui, pas de mouvement possible... Est-il bien sérieux de le maltraiter de la sorte?

 

 

On voit fréquemment des actions de "défense" violentes à l'encontre d'un Partenaire qui n'est pas un attaquant lambda: il se prête au mouvement,  et  donne  suffisamment de lui-même pour que l'on soit à même d'appliquer le mouvement.

 

 

Sans cette forme d'engagement mutuel qui est défini dans le Budô sous le terme de Yakusoku Geïko, on en revient à des pratiques bestiales où tous les coups sont permis, et où triompher devient le but ultime de la pratique. Triste retour vers l'esprit des cavernes. Il vaut mieux alors ne pas s'illusionner, et entrer dans une arène franche, en revêtant par exemple les gants du boxeur, anglais ou thaïlandais. Beaucoup d'illusions tombent instantanément, croyez-le bien.

 

 

CE QUI est énoncé ici est vrai pour la totalité de la pratique en Aïkidô, et par ailleurs de tous les Arts du Japon comportant le suffixe "DÔ" (La Voie): ce sont dès lors des moyens de s'améliorer, de travailler sur soi pour un rendement humain meilleur, à mille lieues des préoccupations historiques du combat au corps à corps.

 

 

Cette vérité peut déplaire, ou être incomprise par les personnes à l'esprit étroit: c'est pourtant un fait.

 

 

DANS CE CADRE, le Kokyû Nagé occupe une place de choix: il est  l'aspect dématérialisé  de l'Aïkidô, où les corps s'effleurent parfois sans se toucher; tout est question d'intention, et celle-ci doit être pacifique, empreinte de la Bienveillance qui sied à toute pratique de l'Aïkidô bien comprise.

 

 

Shité (l'appliquant) et Uké (le recevant) sont sur la même longueur d'ondes:  il n'y a ni combat, ni confrontation, ni attaque, mais un désir délibéré d'entrer en Harmonie par le biais d'une approche: tentative de saisie à distance, en utilisant au maximum l'espace, le mouvement et le Souffle, ce dernier aspect synthétisant comme on l'a vu tous les autres.

 

 

La courte séquence filmée ici a marqué la reprise de nos Entraînements à l'orée de l'An nouveau; plus exactement, elle en a constitué l'apothéose, c'est-à-dire les quelques minutes précédant la fin du cours. Les images sont intégrées dans cet article avec leurs imperfections, ce qui leur conférera la valeur de l'instantané. Les erreurs manifestes apparaissant au fil de cette séquence seront autant de prétextes d'amélioration, car on apprend de ses erreurs --- à condition de ne pas les répéter.

 

L'EXCELLENCE de notre Partenaire (Maître Sylvain), qui s'affranchit comme on le voit des contraintes liées au poids du corps, illustre bien l'osmose naissant entre deux pratiquants au cours des mouvements en KOKYÛ NAGÉ: légèreté (qui n'est pas frivolité du mouvement: Uké possède un ancrage et une stabilité remarquables), non-résistance, acceptation du mouvement, et cette superbe disponibilité lui permettant de s'adapter instantanément à toute modification. Un exemple à suivre: s'alléger lors des roulades est un travail auquel il convient de s'entraîner; il procure en outre un confort authentique dans la pratique régulière de l'Aïkidô (économie des forces et absence de fatigue).

 

Pour terminer ce chapitre, nous rappellerons à l'attention des Visiteurs de ce Blog que le KOKYÛ NAGE ne peut s'envisager que de manière très ample, très vaste. Il trouve sa raison d'être véritable dans l'expansion sans fin du Geste, de l'Intention et du Souffle. Peu tributaire du corps physique, le KOKYÛ NAGE doit s'entendre comme un agrandissement du mouvement. La "projection", ou plutôt le guidage du Partenaire, se fait non pas vers le sol (mouvement plombé sans espoir d'extension) mais vers le vaste horizon. Le mouvement n'est jamais trop grand; il est souvent, presque toujours trop resserré, c'est-à-dire trop petit. Il ne faut pas pécher par manque d'ambition en la matière! Envoyer le Uké loin devant soi, sans idée de le "terrasser" mais au contraire de le libérer dans un mouvement sans fin. Ce principe est lié à celui énoncé dans le paragraphe précédent (Uké s'affranchit des limites liées à la pesanteur).

 

 

Le Sabre en Aïkidô.

 

LA SECONDE VIDÉO est publiée avec la bienveillante autorisation de l'un de nos chers Adhérents, Monsieur Richard. Elle est intéressante à plus d'un titre. D'abord parce que Richard, Pratiquant passionné et d'un naturel discret, a bien voulu que ces images soient partagées avec les Visionneurs de ce Blog: qu'il en soit remercié.

 

 

Détenteur depuis peu d'un sabre réel, de facture récente mais forgé selon les règles ancestrales, donc comportant une lame coupante, Richard a bien voulu filmer une courte séance totalement improvisée. On peut apprécier la maîtrise de l'objet dont il fait preuve, en notant bien que le fait de rengainer un sabre tranchant peut occasionner de sérieuses blessures à la main, tout comme le fait de le dégainer par ailleurs.

 

 

Il ne fait aucun doute qu'il s'est longuement préparé à l'acquisition de ce sabre: depuis plusieurs mois en tout cas, il promenait avec lui un Bokken muni d'un fourreau en plastique, matériel d'entraînement qui n'existait pas jadis mais dont on peut apprécier les vertus.

 

 

La fluidité des gestes, remarquable lorsque l'on sait qu'une telle lame pèse un certain poids, supérieur à la plupart des sabres d'entraînements non tranchants habituellement usités, montre le niveau appréciable atteint par l'Applicant.

 

 

Cette séquence est proposée ici à titre de référence pour les Pratiquants qui douteraient encore que le sabre peut se conjuguer heureusement avec l'Aïkidô, hors des Écoles traditionnelles de Iaï par exemple qui, pour intéressantes qu'elles sont parfois, proposent des pratiques figées ("Kata") sans le moindre lien avec les formes de corps en vigueur dans l'Aïkidô.

VOIR LA VIDEO 2

 

Bon entraînement à tous!

Pascal OLIVIER.

VOEUX /// STAGE à PARIS (Ozoir 77330 - FR) !!!

Publié le 16/01/2018 à 23:01 par aikidotenjinkai

BONNE & HEUREUSE ANNÉE 2018

à tous! Santé, Bonheur, Prospérité;

L'exercice en Aïkidô pouvant contribuer à tout cela.

 

À L'OCCASION de la Nouvelle Année, une annonce importante va être faite ici.

 

En effet, notre groupe totalement indépendant "AIKIDO OZOIR", autrement appelé Aïkidô Tenjinkaï, organise un

Stage d'Aïkidô les 23, 24 & 25 février 2018

au Gymnase BOULLOCHE:

1, allée de l'Espoir

77330 OZOIR-la-FERRIÈRE.

 

Les horaires sont: Entraînement de 20h à 21h30 le vendredi 23 (prévoir de se restaurer AVANT: une surprise est prévue à la suite de l'entraînement, qui ne constituera pas un repas vu l'heure tardive!);

Entraînement de 10h à midi le samedi 24, puis de 15h à 17h30;

restauration (buffet) incluse pour le midi à proximité immédiate du Dôjô;

 

Dîner le soir à PARIS (autre surprise en cours de préparation et selon le nombre de participants!), où nous nous rendrons en train (25mn) juste après l'entraînement; participation au dîner non incluse dans le Stage; budget raisonnable prévu.

 

Entraînement de 10h à midi le dimanche 25; buffet (inclus) le midi  comme la veille; dispersion des Pratiquants vers 14h.

 

Il faut que les personnes intéressées s'inscrivent sans tarder auprès de l'organisateur, M. Thierry LANDAIS; il n'y a pas d'arrhes à verser, il s'agit seulement d'une inscription de principe. Le prix du Stage complet est de 30 euros, ou 15 euros la journée en cas de participation partielle.

 

Inscriptionsauprès de M. Thierry:

Thierry.landais@gmail.com

 

 

Le nombre de Stagiaires maximum est fixé à 40 personnes.Ne tardez pas à vous inscrire!

 

Les personnes venant de loin (province ou étranger) n'ont pas à amener de bokken ou de Jô: notre club possède un certain nombre d'armes à la disposition des visiteurs.

 

N'hésitez pas à vous inscrire! Découvrez la magie des Stages, de nos Stages toujours placés sous le signe de l'Amitié, de la Rencontre, de la Découverte des principes immuables de l'Aïkidô ET du Budô!

 

Veuillez noter que le mot  routine  n'existe pas dans notre vocabulaire. Chaque séance, chaque moment apporte son lot de découvertes, tant techniquement que sur le plan des sensations.

 

Dans l'attente de vous recevoir,

Bien amicalement et avec tous mes voeux renouvelés pour 2018,

Pascal OLIVIER.

 

 

IMPRESSIONS DE STAGE --- LUNEBURG NOVEMBRE 2017

Publié le 26/11/2017 à 21:02 par aikidotenjinkai
Le texte qui suit est signé Thierry LANDAIS, Pratiquant passionné qui, avec deux de ses camarades, Grégoire et Sandrine, se sont pris au jeu des Stages depuis une première et inédite expérience à Herzogenhorn en juillet dernier. Cette aventure d'une semaine fut pour eux une sorte de révélation quant à soi-même, avec à la clé le désir de découvrir (de se découvrir) davantage, notamment en renouvelant l'expérience des Stages sur plusieurs jours. Voici donc un témoignage de "première main", en ce sens que les sensations dépeintes par Thierry sont celles d'un pratiquant encore quasiment "vierge" en matière de stages. Bonne lecture; vous savez maintenant ce qu'il vous reste à faire les uns et les autres! Prochain stage programmé à Berlin les 9, 10 et 11 février prochains.
P.O.
 
 
 
 
De Ozoir - Tenjinkaï 
à Lüneburg –Seïryûkan
 
C'est donc à 5h du matin  à la porte d'un taxi, devant la chocolaterie de la Houssaye-en-Brie ("La Ferme au Chocolat"), que cette aventure commençe.
 
Les yeux piquant un peu, mais le coeur léger et plein d'impatience de rallier un Paris-Hambourg par avion, afin de nous joindre avec Pascal Olivier, notre senseï, à un stage qu'il doit animer dans la ville de Lüneburg au Dojo Seïryûkan.
 
La petite équipe, composée de Grégoire, Sandrine, Pascal et moi-même, démarre son périple. Le tout installé dans une berline allemande du plus grand confort. Peut-être un bémol sur la place centrale arrière, aux dires de la gente féminine qui nous accompagne, écrasée tel un morceau de tôfu entre la fève de cacao géante et un petit baril de bière, ou autrement dit entre Grégoire (maître-chocolatier) et moi-même, amateur occasionnel (ou plus) de boissons houblonnées.
 
Nous avons "un petit peu" d'avance, Pascal ayant à cœur d'être à l'heure et de faire en sorte qu'un voyage allie la convivialité à la pratique. Nous prenons le vol de 6H30 en vue d'arriver à l’entraînement de... 20H. Sait-on jamais! Dans ce genre de programme, il faut toujours faire confiance à Pascal, car le temps n'est jamais perdu; bien au contraire, il est matière à partage et heureux impromptus.
 
C'est ainsi que nous prenons le temps, à l'arrivée à l'aéroport de Hambourg, de nous ressourcer d'un petit déjeuner copieux, bien installés dans les fauteuils et canapés cosy  en cuir patiné marron vintage d'une cafétéria située face à la porte de sortie de l'aéroport.
 
Petit déjeuner qui nous permet d'apprendre l'histoire de la fondation du Dojo Seiryukan, l'histoire de feu son fondateur, de l'investissement émérite de son épouse à reprendre et à diriger d'une main de maître tant le lieu que l'esprit  du lieu.
 
Cela nous permet également d'aborder le parcours de Pascal, les échanges qui jalonnent sa vie, les rencontres et les enseignements qui font qu'il est tel qu'il est, qu'il enseigne tel qu'il enseigne et le pourquoi du maillage de son réseau, plus particulièrement ses liens avec l'Allemagne.
 
Ne croyez pas qu'il s'agit d'un cours magistral: il s'agit d'une histoire contée avec ses projections et ses digressions, avec nos propres interventions, réflexions, avec tout ce qui fait d'une conversation un échange passionnant qui nous emmène si bien à prolonger notre petit déjeuner jusqu’à 14H!
 
Il est alors temps de rallier notre ville de destination, nous aurions l'air malins d'arriver en retard en étant parti à 5H du matin! "Vous êtes venus à pied?"... nous aurait-on sûrement demandé!
 
Nous sortons du café, et deux charmantes jeunes filles nous remettent un ticket-journée valable pour 5 personnes, qui nous permet de nous rendre à Hambourg centre pour reprendre un train. La Providence s'en mêle: elle nous est favorable semble-t-il!
 
Petit voyage en train, discussions ouvertes jusqu'à la ville de Lüneburg. D'une gare somme toute assez banale, nous avançons peu à peu vers le centre-ville qui se dévoile peu à peu et … cette première impression ne vaudrait pas la seconde!
 

Petit casse-croûte dans un restaurant salon de thé (un peu léger sur la consistance à mon goût, ce qui me vaudra une échappée vers un bon vieux sandwich turc à la sortie). Second signe de la Providence: voyant que nous nous préparons à sortir, la jeune serveuse nous propose gentiment un sachet contenant des croissants, les "invendus" de la journée, que nous refusons poliment. Les discussions continuent bon train, jusqu’à ce qu'un des pratiquants de notre Dojo hôte, par ailleurs professeur d'Aïkidô lui-même, M. Fritz (50 années et quelque de pratique...) vienne nous récupérer afin de nous conduire jusqu'au Lieu.
 
Nous arrivons dans une zone mi-pavillonnaire, mi-industrielle, nous garant devant une ancienne usine. Et là, la porte du vieux bâtiment s'ouvre et laisse place à la majesté d'un Dojo atypique, mêlant sérénité dans un design «indus». L'harmonie se dégage de ces hauts plafonds ou prennent places poutrelles en aciers et baies vitrées venant toiser des murs de briques bruts et usés pour certains, blanchis pour les autres. Face à nous, à 12 heures, un long parterre de tatamis nous fait face, bordé de son cadre en bois, les poutrelles latérales elles-mêmes encerclées de protections boisées en forme de lattes.

De grands néons suspendus à mi-hauteur par deux rangées, et , à leur centre et de la même forme, des chauffages rougeoyants.

A 6 heures, et donc juste derrière nous, un escalier d'acier rouge en colimaçon menant à une mezzanine, un rideau blanc en occultant l'arrière-plan; un décrochement tel un balcon se voit bordé d'un espace végétal en rebord de garde-corps.
 
A 3 heures: un portrait de l'initiateur du lieu; en miroir (à 9 heures) un portrait de Maître Ueshiba gardant un œil sur le dojo et la tenue de l'homme qui lui fait à présent face, dans ce lieu et dans l'éternel.
 

 
Il est 18H30. Nous sommes le 10 novembre 2017.
 
A présent seuls dans les lieux, nous en profitons pour découvrir les derniers aménagements, vestiaires et partie cachée de la mezzanine qui se révèle être un magnifique lieu de convivialité au parquet ancien et à la surface chaleureuse.
Vient le moment de calme où, répartis entre vestiaires et tatami, nous prenons le temps de fermer les yeux avant le début de l’entraînement. Juste le temps de s'endormir quelques minutes, de recharger les énergies avant la venue d'une de nos hôtes, Julia, bras droit émérite de Sybille qui vient s'activer bien avant l'heure convenue, comme à son habitude, à faire en sorte que tout soit opérationnel et mieux que parfait; puis Sybille la rejoint, ce sont donc les retrouvailles et autres présentations qui commencent. Retrouvailles car pour chacun, il y a eu un "avant", source de rencontre.

Arrivent ensuite peu à peu les différents pratiquants du Dojo, et ceux venus d'ailleurs. Une partie de retrouvailles enjouée, mélangée aux présentations des visages inconnus, le tout dans l'effervescence des préparatifs. Il s'agit de revêtir la tenue et d'être prêts pour 20H, car n'oublions pas que tout ce petit monde réuni en ce lieu est là pour pratiquer!
 
Un petit cérémonial cordial de bienvenue échangé entre Sybille et Pascal.
 

 
Doga shimeuse esta
"Doozo o negaï shimass!!!"
 
 
Le cours peut commencer.
 
Dois-je vous raconter le traditionnel échauffement tout en souplesse, qui amène peu à peu le corps et l'esprit à se fondre dans le moment et le mouvement ?
 
S’enchaînent ensuite peu à peu différentes techniques: chaque pratiquant s'applique alors à reproduire les mouvements dans l'esprit de l'école Tenjinkaï. Des différences minimes peuvent alors se ressentir, des différences qui tiennent à la personne, au même titre que l'on n'aura pas le même ressenti avec tous les pratiquants de son propre Dojo. Des différences liées aux automatismes, car nous apprenons tous avec un fil conducteur mené par celui qui nous enseigne. Mais tout cela est si infime. En revanche ce qui ressort des pratiquants présents, c'est bien cette commune application et cette bienveillance  dans l'exécution des mouvements. Nulle contrainte ou force abusive dans les échanges. Je pense que ce n'est pas pour rien que les liens se sont créés entre ces deux Ecoles, et qu'ils perdurent dans le temps.

Claquement de mains, la séance est déjà terminée.
 
Tout pratiquant à connu des jours de fatigue ou il sent son corps le rappeler. Là, il n'en est rien. La session se termine néanmoins sur notre traditionnel instant de récupération et de recentrage.
 
L'heure est venue de replier les hakamas et les échanges reprennent alors, afin de saluer les personnes que nous n'avions pas eu le temps de croiser; il faut ensuite rapidement se changer pour se diriger vers le restaurant réservé pour la soirée.
 

 
Luneburg by night.
 
Pas exactement; simplement le ralliement d'un point D(ojo) à un point R(estaurant). Oui, mais quel restaurant! Un de ces lieux dans lequel on tombe par hasard si l'on est chanceux, ou que l'on découvre grâce à des amis locaux. Non pas par sa carte, somme toute éclectique, quand le touriste que je suis est affamé de mille et une spécialités locales – et je ne m'en prends qu'a moi de ne pas avoir suivi les conseils de Julia pour tenter le seul plat national présent. Mais le sempiternel Burger maison était cela dit très bon - mais le côté rustique, la (bonne) bière brassée maison, les deux étages avec leur parquet ancien, la majesté des cuves qui s'admirent du rez de chaussé au point culminant, la reproduction d'un Michel-Ange en X fois plus grand que ce que vous pourriez voir à la chapelle Sixtine. Si avec ça vous n’êtes pas à même d'apprécier un moment de franche convivialité mélangeant des sonorités allemandes, françaises et anglaises dans la constante préoccupation de se faire comprendre de l'autre, je ne saurais que vous dire!
 
 
 
La soirée avançant, il va être temps de se diriger vers nos domiciles respectifs. Ce n'est pas comme si l’on n’avait pas d’entraînement le lendemain! Un grand merci à nos hôtes, qui sans nous connaître nous ont accueillis à bras ouverts Grégoire et moi-même. Et un grand merci à ceux qui nous connaissant continuent à avoir à cœur de nous recevoir, dans le cas de Pascal et Sandrine.
 

 

Dojo Seiryukan, 11/11 2017
 
Nous avons été raisonnables la veille semble-t-il, tout le monde est bien présent, un sourire sur chaque visage, le corps et l'esprit en alerte.
 

Position de salut, claquement de mains: c'est reparti, petit échauffement, travaille au bokken, travail à mains nues, le tout dans la quiétude matinale. Cette ambiance me fait penser à notre entraînement du samedi matin, chez nous à Ozoir; ce qui est somme toute logique puisque nous sommes effectivement samedi matin!
 
Non pas qu'un entraînement ressemble à un autre, mais il est vrai que l'ambiance matinale crée une atmosphère;  notre Dojo du samedi possède également une aura, changeant du cadre de celui de la semaine.
 
Ce décalage est ici amplifié dans notre cadre aérien où la hauteur de plafond et la lumière invitent à se concentrer sur le haut de la vague dans nos déplacements et mouvements.
 
 
Claquement de mains, respiration, recentrage, et salut. Ménage collectif après CHAQUE entraînement. Grégoire dit à plusieurs reprises qu'il souhaiterait mettre une photo en aggrandissement de la scène, placardée sur le panneau d'informations de notre Dojo habituel...
 
 
Nos hôtes nous invitent à rejoindre la mezzanine ou nous attendent de délicieux mets dont je ne connais pas tous les noms, mais où je puis citer entre autres un succulent bouillon de poisson avec ses morceaux de saumons, des mélanges qui me font penser aux accompagnements des plats en Grèce ou autour de la Mer Noire, dans l'esprit du houmous et autres mélanges.
 
En même temps, il faut dire que le Groupe est éclectique: Lunebourgeois, Berlinois, Paderbornois, Fribourgeois, ainsi qu'un Ukrainien, deux Russes et trois Français, en plus de l'instructeur ("le chef d'orchestre" comme il se définit), qui lui ne compte pas vraiment parmi les effectifs.
 
Vient alors le temps du temps,  communément appelé le temps libre. Certains rentreront s’affairer à leurs occupations civiles, d'autres opteront pour la sieste, et un petit groupe dont je fais partie s'en ira en excursion sur le halage et dans le centre de Lüneburg sous la coupe de notre chère Katrin, scientifique passionnée d'Aïkidô.
 

 
Lüneburg la belle!
 
Cette ville est simplement magnifique, traversée par son cours d'eau, chargée de son Histoire, avec ses vieilles bâtisses, ses rues et ruelles bardées de commerces et de restaurants. Il y a matière à y pousser quelques flâneries, et je suis sûr que ses pavés ont inspirer bon nombre d'âmes errantes.
 
 
 
 
Retour au Dojo, sur un pas plus rapide qu'à l'aller, car la flânerie n'est pas le seul programme de notre journée.
 
Promptement en tenue: l’entraînement peut redémarrer.
 
Je ne rentrerai pas en détail sur l’entraînement, car à l'heure où j'écris, certains souvenirs commencent à être moins précis. Néanmoins deux ou trois points. Un premier concernant la lumière. L'heure avançant dans l'après-midi, la séance s'est déroulée sur lumière descendante. C'est alors qu'entre chien et loup, j'ai encore en mémoire une démonstration au bokken de Pascal nous indiquant, collé et parallèle au mur l'importance des mouvements précis, et la possibilité de travailler en espace réduit. Évoluant à cour du Shomen, éclairé à moitié par la lumière surplombant ce dernier et à demi par la semi obscurité diffusée par la baie vitrée, la démonstration se fit appuyée par une ombre naissante dans les déplacements. Ce fut pour ma part une mise en valeur comme jamais de ce mouvement. Le temps juste,  nous en parlons souvent, et à cet instant c'est comme si l'éclairage était venu à la rencontre du mouvement.
 
 

Travail avec un bâton court. Autre moment fort de cette session. Début de fatigue peut-être, mon corps s'est laissé aller à travailler sur un rythme plus lent et pourtant soutenu. Mon échange avec Franck fut des plus agréables, aucun temps mort, et quand la technique nous échappait, nous nous octroyions le plaisir d'en appliquer une autre, sans troubler nullement la progression de notre travail; en l’occurrence, l'enseignement d'un mouvement (Irimi Nagé) très pertinent, en guidage avec le bâton court tenu tel un wakizashi  (nb: parce qu'il y avait davantage de bâtons courts que de sabres courts à disposition: il faut s'inspirer des circonstances), a piqué ma curiosité et retenu toute mon attention.
 
Claquement de mains, plusieurs personnes amorcent un positionnement en vue de regarder la présentation d'un nouveau mouvement! Ils se rendent alors compte que c'est - déjà - le moment de se positionner pour le salut.
 
Brève douche puis rendez-vous pour un souper en mezzanine. Saucisses et poëlée de légumes, arrosées de bières pour ceux qui aiment, en l'occurence moi! Les discussions battent bon train et déjà quelques notes de musique se font entendre! Thorsten a rejoint le tatami et s'échauffe les doigts à côté de deux autres guitares dans leurs housses, en vue de la suite de la soirée.
 
Je ne tarde pas à le rejoindre. Commence alors notre escapade pop rock aux textes anglo-allemands,tintée de quelques canettes qui trinquent; les guitares tournent, les chants s'entremêlent, Wolfgang nous tire ses notes de bariton, Thorsten a la voix plus "pop anglaise", et Corina nous apporte une touche cristalline de féminité, et cela jusqu’à 23H30. Dieu que c'est bon!
 
Accessoirement, nous terminons cette journée du 11 Novembre sur la joie et le partage, détachés de toute pesanteur historique. Il serait dur de donner plus de sens à une telle journée, dans le détachement et tourné vers l'avenir plutôt qu'au son pesant d'un clairon et d'un tambour de champs de bataille!... Et si il ne faut pas oublier les erreurs de l'histoire, c'est quand même beaucoup plus sympa de faire un hymne à la vie que de commémorer une des trèves de l'humaine connerie.
 
Ça s'accélère! Un stage ne devrait jamais s'organiser sur moins de trois jours! Cela laisse au moins une journée détaché de quelque arrivée ou retour.
 
 

 
Nous sommes le 12/11/2017 au matin.
 
Chacun chargé de son barda rejoint le dojo pour ce dernier entraînement.
C'est le moment où l'on a l'impatience d'en profiter au maximum et le souhait que le temps ralentisse se rejoignent. J'ai réussi à pratiquer avec à peu près tous mes camarades allemands rencontrés quelques mois plus tôt. Avec Ruth nous avons travaillé au bokken et souhaitons travailler à mains nues, ce sera le moment ou jamais. Je n'ai pas travaillé avec mes camarades français, c'est moins grave, les occasions se représenteront plus rapidement, mais ça aurait été sympa quand même!
 
Salut, échauffement démarrage; j'ai le plaisir de débuter avec Franck, c'est une continuité de la veille, les marques se reprennent comme si c'en était le prolongement! Claquement de mains, changement de partenaire, nouveau mouvement. Ruth et moi-même arrivons enfin  à nous rejoindre! L'échange se fait comme il y a quelques mois, comme une continuité de ce mois de juillet passé ou nous nous sommes quittés, comme si c'était un prolongement – de la veille?- pourtant ce n'était pas hier! Claquement de mains; précisions techniques et «changez de partenaire!» Damned!  Nous commencions à peine, c'est rageant, pas le temps de prolonger! Frustration momentanée, nous savons que nous nous reverrons sur de futurs séminaires en Allemagne, France ou Navarre, que sais-je encore. Claquement de mains, changement de mouvement, claquement de mains, changement de partenaire; tant est si bien que claquement de main seïza, mokusô, salut, arigatô gozaïmashita.
 
Le séminaire est terminé! Ou presque, car nous ne sommes pas encore au bercail, et comme je vous l’énonçais un peu plus tôt, le voyage fait partie prenante d'un séminaire. Qu'on le fasse seul, accompagné, de sa moitié, de ses camarades pratiquants, il sera source de prise de recul, ou de partage, de remises en questions, mais il sera là, tel un élément structurant, un ciment qui scelle l’expérience traversée.
 
Certains diront que ce n'est pas la destination qui compte, mais le chemin qui y mène. Je pense que l'un et l'autre comptent, surtout quand on doit retrouver des personnes sur une date précise. Il s'agit de ne pas louper le coche! Mais effectivement sur un voyage sans rendez-vous précis, le trajet est bien souvent source de plus d'enrichissement et de péripéties positives que la destination en elle-même! C'est un motard qui adore voyager seul autant qu'il aime partager ses trajets qui vous le dit.
 
Petit cérémonial de fin, au terme duquel chaque pratiquant fut l'heureux receveur d'une conviviale confiserie chocolatée.
 
Repas pris en trombe, peut-être ai-je un peu pris mon temps avant de réaliser que cela se terminait. Rangement des installations, salutations de nos différents convives au fur et à mesure. Promesse à mi -mots de se revoir rapidement, et ceci avec les anciens visages et les nouveaux.
 
Cela se fera dès que possible, et je l'espère, au travers du séminaire à venir: celui que nous comptons organiser chez nous, à Ozoir (FR), le week-end du 23 février 2018 (vendredi, samedi et dimanche, sinon ça n'en vaut pas vraiment la peine!), stage dont l'annonce a été faite ici en avant-première.
 
 
Il est temps de prendre le chemin du retour, Wolfgang nous accueille dans son break de la même marque que le taxi qui nous a initialement conduit à l'aéroport. Cette voiture nous rappelle que le confort de la marque n'est pas chose nouvelle. Ici nous apprécions les éléments vintage communs aux standards de l'époque, au confort qui défie nombre de voitures modernes. Du moins pour ceux qui ont pu en profiter! De la bouche de notre compagnie féminine, il semblerait que malgré le fait de ne pas occuper la place du milieu, le fait d'être compressée contre la portière droite par une barrique végétarienne* et d'un fût carnivore ne soit pas plus confortable que la place de l'accoudoir!

 

Petit goûter à la gare de Lunebürg; train direction Hambourg, témoins d'une arrestation musclée nous rappelant quelque peu certaines de nos techniques; arrivée à l'aéroport, moment de détente autour d'une glace, passage les bras levés au travers du scan nous protégeant de l'improtégeable mais cassant bien les pieds du citoyen lambda dans son quotidien.

 

Avion, ironisation sur le service, arrivée, timing au top grâce aux contacts et à l'organisation de Grégoire. Chemin retour dans un confort démesuré, le même qu'à l'aller. Même notre camarade féminine ne s'en est pas plainte, si ce n'est qu'au final, la place à l'avant aurait peut-être pu être source d'un confort optimal! Tribulations qui ont du paraître sorties d'un autre monde à notre chauffeur!

 

Retour, à mon propre véhicule et prise de conger. Dernier signe de la Providence: un voisin de Pascal, devant chez qui j'avais garé mon véhicule, a déposé à mon intention un accessoire qu'il détenait de son propre véhicule, identique au mien mais qu'il avait envoyé à la "casse" suite à un acident matériel; jamais deux sans trois.

 

Moment de suspens.

 

Radio rock pour rentrer.

 

Et s'est ainsi que chacun de ses propres chimères revint le sourire aux lèvres, même pour la plus mal assise, pour qui l'aventure commençait de la sorte quand même fort mal, et qui, malgré tout, nous parlait déjà de nous envoyer des cartes du Mexique et de nous ramener le chant des dauphins et des baleines…

 

Mais ce genre de chants ne peut se ramener, il s'agit d'aller sur place les écouter.

 

A tout un chacun de prioriser les chants qu'il a envie d'écouter, au moment où il a envie de les écouter tant que, pour son bien-être, il ne cède pas à celui des sirènes.

 

C'est pourquoi je ne pourrai jamais ramener à quiconque ce qu'est l'aventure d'aller à un stage en compagnie de Pascal. Néanmoins je puis, à toute âme curieuse, indiquer la direction d'une porte ouverte vers les prochaines aventures.

 

Car je ne vous l'ai peut-être pas dit.

 

Mais cette aventure, pour les camarades de Pascal, a commencé un certain mois de juillet 2017, à Herzogenhorn. Cela avait commencé, après l'initiative de chacun à s'engager sur cette voie, par une phrase de Pascal, au moment de monter en voiture: "Il y a un avant, et il y aura un après ce stage. Cela risque de vous remuer. Êtes-vous prêts?"

 

A vous de définir ce moment, où il y aura un avant.

Et, où il y aura un après.

DOGA SHIMEUSE ESTA.

Thierry LANDAIS.  

 

 

aikipedia: un site pour explorer l'Aïkido

Publié le 26/10/2017 à 09:27 par aikidotenjinkai

Deux Leçons sont déjà en ligne. À vous de juger!

 

http://aikipedia.centerblog.net

 

est une méthode d'apprentissage de l'Aïkidô, seul ou avec partenaire, destinée aux vrais débutants; elle peut bien sûr accompagner la pratique de tout un chacun, le principe étant de passer en revue tous les aspects de l'Aïkidô.

 

 

Vaste programme. C'est dire si le projet s'inscrit dans la durée! Il n'aura de sens que s'il est porté pendant au minimum trente ans, à raison d'une Leçon toutes les deux semaines environ, ce qui devrait rendre possible l'exploration d'une partie conséquente du répertoire Aïki.

 

 

Trente ans minimum, c'est le but fixé; à moins que l'on ne soit rappelé à compter fleurette aux soeurs filandières (*) avant, ce qui vous en conviendrez aisément, peut arriver à tout moment, et à tout un chacun. Dans ce cas, nul doute qu'un autre Aïkidôka passionné prendra la suite, pour en probablement modifier le ton et la teneur, car rien de ce qui se fait en ce monde n'est destiné à perdurer. L'éphémérité est une partie constitutive de notre condition! Il faut bien le comprendre.

 

 

Quarante-cinq années de pratique et de méditation sur le thème de l'Aïkidô seront ainsi mises à la disposition des Pratiquants désireux d'élargir leur horizon. Rien ne sera laissé de côté dans cette découverte d'un Art riche parce qu'il est vaste: les techniques historiques, porteuses d'une logique propre à former le Pratiquant sur des bases solides parce qu'intangibles, seront explorées: elles éclairent en outre l'évolution ultérieure de l'Aïkidô, et en facilitent la compréhension. C'est dire si leur étude est indispensable! Pour cela elles seront partie intégrante du programme. Celui-ci s'étendra jusqu'aux confins inconnus des pratiques les plus hypothétiques: celles où le corps n'existe plus, et où seul compte le Centre lorsqu'il est mis en Mouvement par le Souffle. Nous parlons ici des Kokyû Nagé les plus éthériques.

 

 

Le répertoire classique constituera l'axe essentiel de notre Étude; mais les techniques seront parfois, ou souvent présentées sous un jour inédit, avec pour seul souci de savoir pourquoi et comment s'applique tel ou tel mouvement. Dans un but pédagogique, on n'hésitera pas à modifier l'approche de certains mouvements (cf par exemple le Gokyô introduit dans la Leçon 2, très peu ou même pas du tout enseigné dans les Dôjô; idem pour Koté gaeshi, proposé ici en double mouvement --- aller-retour ---: la mécanique du déplacement classique interviendra ultérieurement, et de façon quasi naturelle. On ne peut exiger d'un débutant qu'il parvienne tout de suite à saisir la subtilité d'un déplacement difficile: d'où la simplification opérée ici).

 

 

Le travail des armes sera abordé, à proportion d'un quart environ: la pratique à mains nues doit couvrir l'essentiel de notre étude. Pour autant, il convient de comprendre qu'il est impossible d'acquérir les qualités requises à une pratique de l'Aïkidô cohérente (bien construite, saine et logique) sans passer par l'apprentissage des armes: sabre en premier lieu, bâton mi-long, sans oublier le poignard.

 

 

Des séquences seront ainsi proposées, destinées à se familiariser avec le maniement de ces armes. On ne commettra pas l'erreur de ramener la pratique des armes dans l'Aïkidô aux critères en vigueur dans telle ou telle école spécialisée en armes: le propos est tout autre. Il ne s'agira jamais de reproduire les formes pour les formes, mais de pratiquer uniquement des mouvements ayant pour principe le fonctionnement du corps, l'arme en devenant le prolongement. C'est l'arme qui s'adapte au mouvement, et non l'inverse.

 

 

Vous verrez que toute la pratique proposée aura pour principe le centrage, la stabilité, la mobilité: ces trois principes nous permettront d'aborder ensuite n'importe quel aspect de l'Aïkidô, car ils sont le socle sur lequel se construit toute pratique.

 

 

Pas de dogme donc, mais une pratique entièrement basée sur la logique du corps, et par delà de l'être. On ne fera pas prendre de "pli" aux nouveaux pratiquants, à qui on enseigne bien trop souvent comment se comporter, comment suivre servilement un mouvement, au mépris de toute forme de logique, pour en faire de bons petits soldats du stéréotype. Il convient au contraire que chaque acte soit motivé par la logique: celle du corps et celle du geste, c'est-à-dire par la nécessité d'agir de telle ou telle manière. L'Aïkidô doit libérer le Pratiquant, et non l'enfermer dans des dogmes stériles.

 

 

Ni dogme, ni appartenance à tel style ou telle école, choses qui catégorisent la pratique et érigent des barrières entre les Pratiquants, qui sans cela établiraient des contacts afin de trouver chacun leur propre Voie. Car c'est ce qui importe en effet: trouver le Chemin. Cette recherche symbolique qui passe par l'exercice du corps et du mental, a ou aura des incidences sur notre manière d'être, en affinant les sensations, les intuitions et les pensées. Ce processus passe par le filtre de la pratique en Dôjô, car c'est là que s'effectue l'essentiel du Travail.

 

 

Le nouveau Blog est proposé en trois langues: le français, le japonais, et l'anglais. On ne s'étonnera pas de lire des propos parfois variables d'une langue à l'autre: les approches ne sont pas les mêmes selon le schéma de pensée des différentes civilisations. L'essentiel réside, ne l'oublions pas, dans les images!

 

 

C'est avec le sentiment de quittter le port pour une destination méconnue mais ô combien enthousiasmante que cette aventure est entamée. Un soleil d'or se lève, et nous naviguerons confiant. On sait que la traversée nous mènera vers des rivages nouveaux, de découverte en découverte, car l'Aïkidô n'a jamais fini de se révéler aux Pratiquants que nous sommes!

 

 

En route pour l'Aventure!

Ensemble, nous irons très loin.

Bonne pratique à toutes et à tous!

Pascal OLIVIER.

 

(*) Voir La Fontaine: "Le Vieux Chat et la Jeune Souris".

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